L’amendement des lois et la ratification du protocole de Maputo figurent parmi les objectifs à atteindre cette année dans la lutte pour l’égalité des genres pour la Grande île. Ce mercredi, des parlementaires et experts du domaine ont échangé sur le sujet. Ils ont notamment soulevé les principales difficultés pour faire avancer ces réformes.
La discussion a mis en lumière plusieurs freins. Ce matin au Motel Anosy, la ministre de la Population et de la solidarité, des députés ainsi que les experts du domaine de l’égalité de genre se sont réunis sur une même table pour faire état de la lutte contre la violence basé sur le genre ainsi que l’égalité de genre.
Plusieurs défis sortent du lot et des objectifs sont posés. D’abord, il y a un vide juridique sur plusieurs aspects de l’égalité de genre : l’accès à la terre, l’emploi informel, la participation politique des femmes et l’accès aux soins de santé, notamment en matière de santé reproductive. Ensuite, certains textes de loi sont jugés inadaptés et nécessitent une révision. Comme la loi 2007-022 sur le mariage et les régimes matrimoniaux, qui, selon les parlementaires, devrait être amendée pour mieux garantir les droits des femmes. L’amendement concerne surtout sur l’exception de principe sur le cas des mariages précoce et mariage d’enfant. Enfin, un défi majeur reste l’acceptation sociale de ces réformes, notamment au niveau des traditions et des mentalités.
Raby Savatsarah Ain’Harimanga Gabrielle, députée élue à Farafangana, explique « qu’il y a encore beaucoup de réticences. L’interruption thérapeutique de la grossesse, par exemple, implique des discussions approfondies avec toutes les parties prenantes : médecins, société civile, religieux… Le plus grand obstacle reste la perception sociale. On doit expliquer pourquoi ces lois sont essentielles pour protéger les femmes et leur garantir des droits égaux. »
Avortement
Concernant la ratification du protocole de Maputo, c’est l’article 14 qui fait débat. A noter que cet article stipule la reconnaissance d’un avortement médicalisé dans certaines conditions tel un droit humain dont les femmes doivent jouir sans restriction. En d’autres termes, acceptation de l’interruption thérapeutique de grossesse. Depuis son arrivée au pouvoir, l’administration Rajoelina a déjà tenté de faire ratifier le protocole, mais en vain. La raison étant ce fameux article 14. Pour rappel, dans son alinéa 9, l’article stipule que « l’Etat doit protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou de la vie de la mère ou du fœtus. »
À côté, des solutions sont préconisées par les participants de l’atelier. En premier lieu, une campagne de sensibilisation est jugée indispensable, non seulement auprès du grand public, mais aussi au sein même du Parlement ainsi que les responsables locaux. Selon le député Narson Rafidimanana, il faudra convaincre une majorité d’élus pour que ces amendements soient votés dans la prochaine session parlementaire, entre mai et juin.
Aurélie Marie Augustine Razafinjato, ministre de la Population et de la Solidarité, rajoute « qu’une loi doit refléter la volonté générale et répondre aux besoins de tous. Mais avant cela, il faut un travail de terrain : sensibiliser, informer, faire comprendre aux citoyens pourquoi ces changements sont nécessaires. Ce n’est qu’en impliquant toutes les parties prenantes que nous pourrons avancer. » En attendant la prochaine session parlementaire, les députés prévoient des descentes sur terrain pour mieux comprendre les réalités locales et expliquer les enjeux de ces réformes.
Ravo Andriantsalama