7 février 2009-7 février 2025. Ce jour noir de l’histoire politique du pays est commémoré pour la seizième fois. Dirigeants politiques, association des victimes et citoyens se sont retrouvés ce matin devant la stèle dédiée aux personnes tombées à Ambohitsorohitra pour se recueillir à la mémoire de cet événement tragique.
Le président Rajoelina, pourtant habitué à cette commémoration brille par son absence ce matin. À la place, il est représenté par Hery Rasoamaromaka, gouverneur de la région Analamanga ainsi que du vice-président de l’Assemblée nationale, Augustin Andriamananoro. Les deux ont déposé des gerbes sur la stèle, suivis par plusieurs associations de victimes ainsi que les familles et proches de ceux qui sont tombés sous les feux. Pour rappel, le 7 février 2009, 28 manifestants ont péri et 212 autres ont été blessés après une fusillade à l’extérieur du palais d’Ambohitsorohitra entre manifestants pro-Rajoelina et la garde du palais.
Tout habillée en blanc, la commémoration s’est passée dans le calme en général. Le constat étant cependant une baisse du nombre de participants. Une diminution sans doute liée à l’absence du chef d’Etat. Les personnalités politiques n’ont pas non plus répondu présent. Quelques-uns ont fait le déplacement, mais l’engouement n’est pas comme les années précédentes.
Troubles                                               Â
Actuellement, malgré la stabilité fragile du régime et une opposition considérée par nombreux comme divisée, la pauvreté et la précarité créent une grogne populaire généralisée même dans les rangs des pros pouvoir. Andry Raveloson, président du comité pour la préservation de la démocratie (KMD) déclare que bien qu’ils soutiennent le pouvoir, des lacunes sont présentes dans l’administration du pays. « On appelle le président et tous les dirigeants du pays à se pencher davantage sur le social de la population, l’agriculture, l’élevage ainsi que de l’insécurité et le domaine de la santé. C’est ce que le peuple demande, » s’exclame-t-il. « On ne veut plus des troubles ou des manifestations de rues. Cela n’aura que des conséquences néfastes pour le pays, » a-t-il poursuivi.
Le contexte socio-économique n’a pas grandement changé depuis 2009, les experts sont perplexes sur des manifestations à venir. Le professeur Rasoloarison Jeannot, historien et expert en histoire politique de Madagascar avance que malgré la volonté de certains, « un animal sans tête ne peut pas avancer. » D’un autre côté, il explique également que la ferveur populaire en ce moment n’est plus la même que celle de 2009. « La situation actuelle et celle de 2009 ne sont pas comparables. Avant, les dirigeants se souciaient encore de donner une certaine liberté à l’opposition. Ce n’est pas le cas actuellement ». À titre personnel, il a avancé qu’ « il est difficile d’envisager des manifestations comme en 2009 ».
Ravo Andriantsalama