L'offre n'arrive pas à satisfaire la demande. Tel est le cas de la grande île sur les métiers d’ingénieur.
Malgré les quelques centaines d'ingénieurs et de techniciens supérieurs qui sortent par an de l’Ecole supérieure de polytechnique d'Antananarivo (ESPA), Madagascar accuse un manque cruel d'ingénieurs en ce moment. Hier, lors de la célébration du cinquantième anniversaire de l'ESPA à Vontovorona, le directeur de l'école, le professeur Rijalalaina Rakotosaona déplore ce déficit. Selon lui, seuls trois cents à quatre cents ingénieurs sortent de Vontovorona chaque année alors que la demande estimée s'élève à environ mille diplômés.
Bien que l’ESPA n’est pas la seule école d’ingénieur du pays, les autres grandes écoles publiques, dont celles situés à Antsiranana, à Fianarantsoa, ou encore celle de l’agronomie de l’université d’Antananarivo n’en produisent pas plus. Jaona Andrianantenaina, président de l’ordre des ingénieurs, joint au téléphone cet après-midi, explique qu’en moyenne, Madagascar produit environ cinq cent ingénieurs par an. Un chiffre largement en dessous de la moyenne en sachant que des pays comme la Chine ou l’Inde produisent entre deux cent mille et trois cent mille ingénieurs par an.
Pour le cas de la polytechnique de Vontovorona, son directeur, le professeur Rijalalaina Rakotosaona a expliqué lors de l’inauguration de la nouvelle salle de thèse que la cause de ce manque est surtout liée à un problème d’infrastructure. « La capacité d’accueil reste limitée par un manque d’infrastructures. On ne peut pas non plus bâcler la formation, » explique-t-il. De son côté, le président de l’ordre des ingénieurs esquisse une réponse semblable. Il confirme que « l’ESPA est soumise à une contrainte sur la capacité d’accueil des jeunes étudiants ainsi qu’à une contrainte sur la capacité d’encadrement. »
Solutions
Selon une étude de l’ordre des ingénieurs, à l’horizon 2030, le besoin d’ingénieur du pays va s’élever à quarante mille ingénieurs. Pourtant, selon la tendance actuelle, on ne comptera que quelque quinze mille ingénieurs à ce moment-là . Il est donc probable que ce besoin ne sera pas atteint dans les temps. Du moins, des solutions sont prises vis-à -vis de cette situation. Pour l’ESPA, le directeur privilégie le dialogue multipartite avec l’ordre  professionnel et l’Etat afin de trouver un moyen de produire le plus d’ingénieurs chaque année.
Pour son compte, l’ordre des ingénieurs se veut être lanceur d’alerte sur ce fait. Jaona Andrianantenaina lance un appel à tous les responsables de trouver les solutions adéquates pour essayer de rattraper le retard. Il a tenu cependant à rappeler que la recherche de nouvelles stratégies sur le sujet n’est pas dans le ressort de l’ordre, mais qu’il est quand même important de trouver ces solutions.
Ce manque d’ingénieurs peut être une aubaine pour les jeunes bacheliers, car même si les universités publiques sont plutôt combles, plusieurs instituts privés sont prêts à les accueillir. À noter que lors de la célébration du cinquantième anniversaire de l’ESPA hier, quelques nouvelles infrastructures sont mises en place au profit des étudiants ingénieurs comme la nouvelle bibliothèque numérique.
Ravo Andriantsalama                           Â