Madagascar pourrait connaître une aggravation des délestages cette année et en 2026. La Banque mondiale alerte sur un déficit croissant entre l’offre et la demande en électricité. Pourtant, le pays investit dans de nouveaux projets énergétiques.
Dans sa publication de fin de semaine, la Banque mondiale souligne que la production actuelle d’électricité est insuffisante pour répondre à la demande qui ne cesse d’augmenter, notamment en raison de la croissance démographique et de l’urbanisation. L’une des principales causes du problème est la dépendance aux centrales thermiques. Aujourd’hui, elles représentent environ 60 % de la production électrique du pays. Or, elles fonctionnent avec des carburants importés dont les prix sont très volatils. Avec la crise économique mondiale, ces coûts ont explosé, creusant le déficit de la compagnie nationale d’électricité JIRAMA.
En parallèle, le réseau électrique est vétuste. Il y a 30 à 40 % de pertes techniques, ce qui signifie qu’une bonne partie de l’électricité produite ne parvient même pas aux consommateurs. Et pour ne rien arranger, la production hydroélectrique est sous pression à cause des sécheresses de plus en plus fréquentes. Pour le consommateur, cela signifie qu’on pourrait assister à des coupures d’électricité plus fréquentes et plus longues, surtout en période de forte consommation. Aujourd’hui, certaines zones subissent déjà plusieurs heures de délestage par jour. Si rien ne change, la situation pourrait empirer en 2026, d’après la Banque mondiale.
Investissements à grande échelle
D’un autre côté, l’État propose des solutions pour résoudre le problème. Plusieurs projets sont en cours, notamment dans les énergies renouvelables. Parmi les projets majeurs : la centrale hydroélectrique de Volobe ou encore le projet Sahofika. Mais pour concrétiser ces projets, Madagascar doit investir massivement. La Banque mondiale estime qu’il faudrait injecter entre 800 millions et 1 milliard de dollars dans le secteur énergétique au cours des prochaines années. Une partie de cet investissement pourrait provenir des bailleurs internationaux, mais la condition principale est la réforme du secteur énergétique. La JIRAMA est lourdement endettée et sa mauvaise gestion dissuade certains investisseurs.
Quant à la Banque mondiale, elle recommande notamment une modernisation rapide du réseau pour limiter les pertes et améliorer la distribution, l’ouverture du marché à des producteurs indépendants pour diversifier les sources d’énergie et réduire la dépendance à la JIRAMA, ainsi qu’une meilleure gestion financière de la compagnie, qui peine à payer ses fournisseurs.
Ravo Andriantsalama