La population de Toliara est actuellement divisée en deux camps concernant la mise en œuvre du projet d’extraction minière Base Toliara. Malgré l’approbation du projet par le Conseil des ministres en novembre dernier, ordonnant la réouverture du site et la reprise des activités, celui-ci ne fait toujours pas l’unanimité au sein de la population locale.
Des émeutes contre la reprise du projet Base Toliara ont éclaté ce week-end, causant des dégâts. Après que des manifestants se sont rassemblés à Andaboy, dans le district de Toliara II, les forces de l’ordre sont intervenues et au moins trois personnes ont été blessées par des tirs de gaz lacrymogène.
Hier, le débat sur l’utilité sociale du projet Base Toliara s’est intensifié. D’un côté, les opposants au projet avancent la raison environnementale, culturelle et sociale pour dire qu’il n’est pas en adéquation avec la société de Toliara. Parmi leurs préoccupations figurent la menace sur les écosystèmes comme la forêt Mikea. Le risque de pollution des ressources en eaux sont également craints par les manifestants. Ils accusent la gendarmerie nationale, présente sur les lieux et responsable des tirs de gaz lacrymogène, d’avoir exercé des violences excessives sur des citoyens non armés. Siteny Randrianasoloniaiko, député élu de Toliara et opposant au projet, a déclaré sur sa page Facebook que « la violence sans précédent utilisée par les forces de l’ordre est la preuve que le projet Base Toliara n’est pas bien perçu par la population de Toliara. »
De leur côté, les partisans du projet sont également montés au créneau. Ils dénoncent la politisation de la cause par des politiciens qui s’opposent au développement économique qu’apporterait le projet. Selon eux, Base Toliara offre de nombreuses opportunités aux jeunes, qui sont actuellement majoritairement sans emploi. Des associations de notables de la région se disent exaspérées par la situation. Ils estiment que les opposants au projet sont motivés par des convictions politiques et non par des craintes de conséquences néfastes du projet. Ils appellent donc l’État à « prendre ses responsabilités face à ceux qui n’ont d’autre intention que de semer le trouble au sein de la société ».
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Pour rappel, le projet Base Toliara est une initiative minière de grande envergure située à Toliara. Ce mégaprojet vise l’extraction à grande échelle de sables minéralisés, principalement pour la production d’ilménite, un minerai essentiel dans la fabrication de titane. La concession minière couvre une superficie de 470 km² et concerne les territoires de douze communes, affectant directement environ vingt mille personnes. En 2019, face aux préoccupations croissantes concernant les impacts environnementaux et sociaux, le gouvernement malgache a suspendu le projet. Cependant, le 27 novembre dernier, le Conseil des ministres a levé cette suspension, autorisant la reprise des activités liées au projet Base Toliara.
Il représente un investissement estimé à plus de trois mille cinq cents milliards d’ariary. Selon les autorités, il pourrait générer près de cinq milliards de dollars de recettes publiques et d’investissements sociaux sur une période de trente-huit ans. De plus, la création de quatre mille emplois directs et indirects est envisagée. Base Toliara est au cœur d’un débat complexe, opposant les perspectives de développement économique aux préoccupations environnementales et sociales.
Ravo Andriantsalama