Ce week-end, plusieurs régions de la Grande Île ont vibré au rythme des festivités du "afo tsy maty" et du Taombaovao Malagasy, célébrations inscrites depuis 26 ans dans le patrimoine culturel national sous l’impulsion du Trano Koltoraly Malagasy.
Loin d’être une simple commémoration folklorique, ce Nouvel An malgache se veut avant tout un moment de purification et de bénédiction, ancré dans l’identité collective du pays. Si les pratiques varient selon les régions et les lignées familiales, l’institution organisatrice insiste sur un point fondamental : il ne s’agit ni d’un rituel figé ni d’une fête à connotation religieuse, mais bien d’un héritage culturel destiné à rassembler tous les Malgaches, au-delà de leurs croyances.
Une singularité notable du Taombaovao Malagasy réside dans le fait qu’il est célébré à deux périodes distinctes de l’année. Une dualité qui trouve ses racines dans les influences migratoires ayant façonné Madagascar au fil des siècles. En témoigne le calendrier des Vazimba, premiers habitants de l’île, qui structuraient leur année autour du cycle agricole : « Ce qui est fascinant, c’est que leur calendrier était en parfaite symbiose avec la nature et les saisons. L’Asaramanitra, célébré en août, marquait une phase de purification en préparation de la nouvelle année », a expliqué le professeur Raymond Ranjeva, Président d’honneur de l’Académie malgache, lors des festivités organisées à Ambohitrabiby.
L’autre date du Nouvel An malgache, quant à elle, puise ses origines dans l’héritage des migrations moyen-orientales. Ces peuples, qui structuraient leur temporalité selon un cycle lunaire et astrologique, ont introduit un calendrier différent, comme le rappelle le professeur Ranjeva : « Ceux qui ont voyagé en Israël savent que c’est un pays aride où, à la tombée de la nuit, les habitants observent le ciel afin de repérer le cycle des astres. Là -bas, le retour de l’étoile Alahamady marque le début d’une nouvelle année. » Loin d’être un facteur de division, cette coexistence de deux célébrations du Nouvel An doit être perçue comme un témoignage éclatant de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel malgache. Un trait identitaire qui, aujourd’hui encore, forge l’unité et la fierté nationale.
Fortunat Rakotomandimby