Le projet Base Toliara suscite une fois de plus la controverse, notamment après l’arrestation du colonel Fanampera, figure de proue de la lutte contre ce projet. Hier, il a été déféré au parquet d’Anosy Antananarivo, et écope d’une peine de prison avec sursis.
Arrêté à Toliara le 26 mars dernier, le colonel Rodney Rehosy Fanampera, l’un des leaders de la manifestation contre le projet Base Toliara, a été jugé hier au tribunal de première instance d’Antananarivo, après avoir été déféré au parquet le jour même. À la suite d’un transfert discret au camp de la gendarmerie de Sakaraha, puis à Fiadanana, le colonel Fanapera a été jugé pour incitation à manifester sans autorisation, dégradation de biens publics et violences contre les forces de l’ordre. Verdict : trois ans de prison avec sursis.
Depuis plusieurs années, l’exploitation d’ilménite du gisement de Ranobe par la société Base Toliara fait débat au sein de la société civile engagée sur les questions minières. Bien que ce projet soit classé parmi les trois plus grands projets miniers de Madagascar, une partie des populations concernées dénonce des impacts négatifs plus importants que les bénéfices annoncés. Hier, Tsifidy Kalay Harrisson, président d’honneur de Fikambanan’ny Masikoro Arivolahy eto Antananarivo (FIMA), a rappelé les principales raisons de la contestation : « Premièrement, l’extraction d’éléments radioactifs risque de détruire la faune et la flore de la zone concernée. Deuxièmement, la nappe phréatique risque de s’assécher, entraînant la stérilisation des terres agricoles et la pénurie d’eau potable pour les habitants et le bétail. Troisièmement, plusieurs villages seront détruits, mettant en péril l’agriculture, la pêche et le tourisme. Enfin, les rejets polluants issus du lavage des minerais risquent de contaminer les ressources en eau, compromettant la santé des populations locales », a-t-il déclaré.
Impacts environnementaux
Pour la FIMA, l’affaire Base Toliara devrait servir de déclic pour tous ceux qui se sentent victimes d’abus des autorités et inciter à l’union contre les injustices. De son côté, l’entreprise assure que des études d’impact ont été réalisées pour anticiper les éventuels dégâts sur la communauté concernée par le projet. Dans une interview en fin de semaine dernière, son directeur général, Jean Bruno Ramahefarivelo, a insisté sur le fait que ce projet générera d’importants bénéfices économiques et améliorera les conditions de vie des populations locales. Un investissement annuel de quatre millions de dollars est prévu pour des actions sociales dans les cinq communes directement concernées, selon ce responsable.
Pour rappel, la suspension des activités du projet a été levée par décret en conseil des ministres au mois de novembre dernier. Avant, les contestations ont contraint le gouvernement à suspendre les activités de base Toliara. Malgré la levée de la suspension, le projet attend toujours pour tourner à plein régime vu les nombreuses contestations. Surtout après l’arrestation du colonel Fanampera.
Ravo Andriantsalama