De plus en plus de centres d’appel se spécialisent dans le téléphone rose à Madagascar. Les offres de recherche d’animatrices en téléphone rose attirent les jeunes femmes car ce poste n’exige ni diplôme ni compétences spécifiques, à part la maîtrise de la langue française pour la plupart. C’est le cas de cette jeune femme de 23 ans qui travaille dans ce secteur, depuis environ un an et demi. Elle a souhaité garder son anonymat car ses proches ignorent qu’elle exerce cette fonction.
Studio Sifaka : Quelles sont les raisons qui vous ont incitée à travailler dans le téléphone rose ?
Jeune femme : Issue d’une famille très modeste, je dois subvenir aux besoins de mes frères cadets car je suis l’aînée. Pourtant, je n’ai pas eu la chance de faire des études supérieures. J’ai tout juste mon diplôme de baccalauréat. Ce métier d’animatrice de téléphone rose est parmi les rares qui paient bien pour quelqu’un qui n’a fait aucune étude supérieure. En ce moment, je gagne un million d’ariary net mensuel.
En quoi consiste précisément votre métier ?
Il s’agit avant tout de satisfaire les besoins sexuels de mon interlocuteur par le biais d’une conversation téléphonique. Tout se joue sur ma voix. Je dois exciter mon interlocuteur dans une conversation sexy. J’irai même jusqu’à dire avoir une sorte de relation sexuelle à distance. Une conversation dure généralement 15 à 30 minutes. Chaque conversation commence, la plupart du temps, par des questions comme : qu’est-ce que tu portes en ce moment ? …
Donc vous n’êtes pas pudique ? Cela ne vous gêne pas ?
Je suis pudique mais cela ne me dérange pas car on ne voit pas mon visage et je travaille sous un pseudo.
Il s’agit à peu près d’une forme de prostitution à distance. Avez-vous honte d’exercer ce métier ?
Bien sûr, j’ai honte et je ne souhaite à aucune autre personne de devoir faire cela. Pour ma part, je le fais malgré moi, je n’ai pas vraiment le choix.