L’inclusion par la danse, c’est se servir de la danse comme outil éducatif et, en même temps,  d’intégration sociale des personnes en situation de handicap. La danse favorise la rencontre des personnes valides et les personnes en situation de handicap sur la scène ou durant l’initiation à la danse, selon Lovatiana Erica Rakotobe. Elle a créé une technique appelée le « Teboka Lasitra », en s’inspirant de l’écriture braille », pour apprendre aux non-voyants à danser. Elle nous l’explique.
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Studio Sifaka : Comment vous enseignez la danse à travers cette nouvelle technique que vous venez de créer ?
Lovatiana Erica Rakotobe : Ayant des danseurs non-voyants dans notre compagnie de danse, c’est à partir de ma rencontre avec eux et notre contact qu’est née cette nouvelle technique. Je lui ai donné le nom de « Teboka lasitra ». En fait, nous avons transposé les alphabets en braille pour signifier les différentes positions du corps. Cela permet de travailler à la fois la coordination, l’équilibre, l’orientation. Ces positions constituent les différentes bases qui permettent au corps de s’initier à la danse. Pour moi, « Teboka Lasitra » est une méthode de transmission de la danse qui, au début, était uniquement dédiée aux non-voyants. Après des expériences et des échanges, nous nous sommes rendu compte que ce n’est pas forcément destiné qu’aux personnes non-voyantes. C’est vraiment une nouvelle approche du corps en lui-même.
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Comment les personnes ayant des handicaps peuvent-elles appréhender la danse ?
Cela dépend du type de handicap. Les personnes non-voyantes peuvent entendre et percevoir les informations qu’on leur donne. La différence avec les personnes voyantes, c’est juste au niveau du temps d’appréhension. Il faut plus de patience avec les personnes non-voyantes. Par contre, avec les personnes ayant des handicaps, c’est vraiment une autre approche. Nous réadaptons la méthode de travail selon le type de handicap. Mais l’objectif reste toujours le même, c’est l’inclusion et l’intégration. Tout le monde sur scène se trouve sur le même piédestal.Â
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De quelle façon vous transmettez la danse aux personnes ayant des handicaps ?
Cela demande plus de temps. Elles doivent s’adapter et chacun doit trouver son aise dans l’exécution de chaque mouvement. Nous ne forçons pas les personnes à exécuter les mêmes gestes, mais que chacun retrouve sa propre personnalité.
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Comment organisez-vous au sein de la compagnie ?
La compagnie Lovatiana organise des événements dans l’année comme des ateliers, des festivals, des échanges. C’est par le biais de ces initiatives que nous pouvons montrer que même ayant un handicap, chaque personne peut s’exprimer et peut pratiquer la danse. En même temps, les danseurs en situation de handicap peuvent retrouver leur autonomie dans leur quotidien. Un des danseurs avait du mal à se déplacer tout seul au début, il fallait qu’il soit accompagné. Mais au fur et à mesure des exercices, il peut maintenant se déplacer là où il le veut.