La question du sexe dans le couple entre dans le renforcement de l’éducation sexuelle. Naturellement, les envies sexuelles entre une femme et un homme peuvent ne pas toujours coïncider, ce qui peut aboutir à la violence sexuelle et constituer un grave problème dans un couple. Afin de lutter efficacement contre la violence sexuelle, le sexologue, Jeruville Andriamasinirina, insiste sur le renforcement de l’éducation sexuelle. D’autre part, Charles Andriamasinoro, ambassadeur de Men Engage Madagascar, propose l’intercompréhension mutuelle par rapport aux caractères respectifs de la gent féminine et masculine, comme solution.
Studio Sifaka : Comment se manifeste la violence sexuelle dans un couple ?
Jeruville Andriamasinirina : En tant que mâle, l’homme veut démontrer sa puissance car il est doté d’un caractère pulsionnel, c’est-à -dire que face à des photos dénudées d’une femme, il peut ressentir de l’excitation. Par conséquent, cela peut lui faire penser qu’il a instantanément besoin d’une relation sexuelle avec son partenaire. Néanmoins, la femme fonctionne autrement, sa zone de confort est balisée par ses sentiments. Plus elle ressent de la confiance, de l’amour ou de l’affection pour son partenaire, plus elle partagera l’envie avec lui. Malheureusement, par manque d’éducation sexuelle, un homme peut ignorer les comportements de sa compagne. De ce fait, certaines femmes ont des relations sexuelles sans parvenir à l’orgasme. D’autre part, les envies inassouvies peuvent aussi être un problème. Lorsqu’un mari a un problème de santé comme l’éjaculation précoce, il ne veut pas l’accepter. Il préfère le cacher à sa femme. Or, les tendances sont telles que celui qui est insatisfait aura tendance à chercher un partenaire répondant à ses attentes. Cela favorise les conflits et laisse place à toute forme de violences.
Charles Andriamasinoro : L’homme a un besoin sexuel plus développé que la femme. Cette particularité émanerait de sa virilité. Cela est interprété comme un pouvoir dans la société malgache. En effet, les hommes ont tendance à penser généralement qu’ils ont tous les droits sur les femmes, même avec celles qui les entourent et celles croisées dans les rues. En parallèle à cela, l’homme a plus de difficultés à contrôler son corps par rapport à la femme. En général, l’homme a tendance à ignorer que la sexualité ne se limite pas au niveau du sexe pour la gent féminine. Outre la relation physique, la sexualité d’une femme est aussi en lien avec sa personnalité.
Pourquoi les deux partenaires n’arrivent pas à se communiquer ou à résoudre leur problème de sexualité entre eux ?
J.A : Au lieu de prendre du temps pour s’écouter et de résoudre le problème de sexualité commun, les partenaires se critiquent. Chacun peut s’estimer perdant en faisant le premier pas de négociation. Sans échanges sur le disfonctionnement sexuel entre partenaires, ce n’est pas étonnant que le couple devienne incompatible. En outre, les Malgaches ont souvent des difficultés à parler de sexualité. La culture malgache a tendance à ne pas accepter que l’éducation sexuelle est indispensable dans la vie. Par exemple, regarder une émission sur la sexualité en famille est considéré comme tabou. De plus, l’éducation sexuelle n’est pas vraiment médiatisée à Madagascar.
C.A : A cause des barrières culturelles, on parle peu de la sexualité dans la société malgache. C’est un sujet tabou. En cas de problème de santé sexuelle, l’homme n’aime pas trop afficher qu’il est malade, voire impuissant. En outre, l’homme impose toujours sa virilité sans considérer les valeurs de la femme. Par contre, si l’homme arrive à comprendre les différentes responsabilités de la femme dans le foyer et dans la société, il ne réduira plus la femme à unun objet sexuel.
Quelles sont alors vos suggestions pour dépasser ces problèmes ?
J.A : Pour réduire ces frustrations, il est tout d’abord indispensable que les partenaires acceptent de parler de leur problème de sexualité. Consulter un sexologue pour un accompagnement en cas de problème de santé constitue également une étape importante. Puis, il faut aussi surpasser les stéréotypes sur la sexualité en admettant que le rapport sexuel peut s’appendre comme toute activité de couple. Ensuite, il ne faut pas considérer les films pornographiques comme source d’éveil de la libido dans un couple. Ils ne font que transmettre des formes de violences sexuelles et aggravent la situation.Â
C.A : Pour mieux comprendre les comportements de la femme, il est nécessaire que l’homme apprenne quels sont les sept rôles qu’occupe une femme dans son quotidien. Le premier est le rôle parental, la femme se préoccupe du bien-être de ses enfants et aussi de son mari. Vient ensuite le rôle professionnel où elle travaille, tout comme l’homme, pour assurer les besoins de sa famille. Troisièmement, elle maintient son rôle conjugal. Ensuite, la femme assure le rôle domestique, en se chargeant des tâches ménagères dans son foyer. En sixième position, la femme est supposée être la plus habile dans le couple pour assurer un rôle familial. Dans cette optique, elle s’informe plus sur ce qui se passe au sein de son foyer et veille à la bonne entente entre les membres de la famille. En dehors de son foyer, elle joue aussi un rôle communautaire car elle participe aux activités communautaires comme celles de son quartier ou de différentes associations. Et en dernier lieu, la femme a un rôle individuel, elle doit prendre soin d’elle-même, selon ses besoins. Pour maintenir une relation saine dans un couple, la meilleure solution est la cogestion des tâches entre les partenaires. L’intercompréhension dans un couple peut réduire la violence sexuelle entre partenaires mais prévient aussi la violence sexuelle en dehors du foyer.