La musique combinée aux mots de Rabearivelo est au rendez-vous, dans la vidéo publiée par Mota Soa en janvier dernier pour son projet « Avoahay ». Cette œuvre est le fruit d’une résidence artistique datant de décembre 2020 à la Teinturerie et restituée le 15 janvier. L’artiste nous explique, dans cette interview, comment elle a transformé les mots en musque.
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Studio Sifaka : Comment est née cette vidéo ?
Môta Soa : La mélodie est venue spontanément au moment de la lecture. En fait, ma lecture du texte était musicale. Il y a des choses qu’on ne peut pas expliquer. Je suis arrivée à un moment où je voulais me réconcilier avec moi-même par rapport à mon histoire et dans la foulée, me réconcilier avec Rabearivelo que je détestais pendant mon enfance.
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De quelle façon avez-vous transformé les mots de Rabearivelo en notes de musique ?
Je connais Rabearivelo depuis longtemps. A 11 ans, j’ai détesté l’idée qu’il se soit suicidé et je me suis dit que je ne finirai pas comme lui. Mais à dire vrai, j’ai connu cette sensation de vouloir en finir avec la vie, bien plus tard. Je me suis remise en question par rapport à la façon dont je perçois Rabearivelo.
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Comment vous avez fait pour mettre votre touche personnelle dans le texte ?
Ce sont des histoires qui se rejoignent. C’est son vécu à lui que j’ai ressenti quelque part dans mon vécu à moi. On se rejoint quelque part. Tout se joue au niveau de l’émotion je pense. Je me suis imprégnée de son histoire à travers les paroles de son petit-fils, à travers les paroles d’autres personnes aussi. Et puis, il fallait aussi que je construise ma propre histoire par rapport à lui. Et voilà , les choses se construisent petit à petit sans qu’on ait vraiment à l’expliquer. Ça vient ou ça ne vient pas. Donc là c’est venu, ça a parlé et voilà .
Propos recueillis par Andrea Razafi