Sami Andria, le champion de Madagascar et d’Afrique de vélo trial va défier les hauteurs de la Tour Orange dans les jours qui viennent. Retour en interview sur les péripéties qui l’ont conduit à braver une fois de plus la mort au sommet de l’immeuble le plus haut de la région. Une occasion aussi de découvrir qui est réellement ce jeune homme de 26 ans.
Studio Sifaka : Comment vous est venue l’idée de faire des figures sur le sommet de la Tour Orange ?
Sami Andria : Je fais du trial depuis plus de 12 ans. Je me suis toujours fixé des défis. Je cherche toujours de nouvelles choses à faire, de nouveaux spots. C’est en cherchant un nouveau défi à faire que j’ai pensé à la Tour Orange. C’est la partie d’Antananarivo que je trouve impressionnante et assez haute. J’ai demandé pour voir s’ils acceptent. Et ils ont donné leur feu vert.
Comment réagissent vos proches ?
Mes proches sont libres d’esprit. Je n’aime pas fréquenter les personnes bornées. A 99% ils sont d’accord. Mais les gens généralement n’acceptent pas. Ils disent que je suis fou. Pour ce qui est de mes parents, ils ont peur mais ils acceptent. Ils apprécient le fait que je fasse du vélo. Je suis asthmatique. M’entraîner régulièrement m’a permis d’améliorer mon état de santé.
La peur a-t-elle sa place dans ce que vous faites ?
Comme tout le monde, j’ai peur mais c’est justement le fait d’affronter et de vaincre sa peur qui est super. C’est ce qui fait sensation.
Les défis sont un peu comme une drogue au final pour vous ?
Oui, on peut dire. Je ne peux pas m’en passer. En fait, je ne suis pas à l’aise si je ne me lance pas dans de nouveaux défis. C’est ce qui me fait sentir en vie. On ne peut pas acheter ce qu’on peut ressentir une fois qu’on a réussi un défi.
Comment se prépare un défi comme ce que vous allez faire sur la Tour Orange ?
Nous devons y aller un mois à l’avance. Il y a des repérages à faire. Il est important de ne pas sous-estimer les forces de la nature. Bien que nous ayons vu des spots plus hauts comme à Ibity, il ne faut jamais sous-estimer un défi parce que cela reste dangereux. On se retrouve face à la nature. Ce n’est pas trop la Tour mais c’est le vent, la gravité, le manque d’oxygène, … La pluie peut aussi faire son apparition.
Donc au final les risques sont calculés …
On peut dire. On regarde par exemple le sens du vent. Si le vent souffle vers la gauche, vous n’allez pas faire vos figures sur le bord gauche. Les éléments sont nos alliés dans ce genre de défis. Il faut être en harmonie avec la nature.
Quels sont vos objectifs dans le trial ?
C’est que mon vélo m’emmène dans le monde entier. Je compte par exemple faire des figures au sommet du Burj Khalifa à Dubaï. Nous étions déjà en contact avec des gens de là -bas mais la COVID-19 a changé nos plans. L’immeuble a une section qui s’occupe uniquement des sportifs extrêmes qui veulent dompter le gratte-ciel. Il y a des professionnels qui ne font que cela de leur vie.
Comment avez-vous découvert le trial ?
C’est par un gars dénommé Tsimba que j’ai découvert le trial. J’ai été impressionné par ce qu’il faisait puis le vélo qui n’avait pas de selle a attiré mon attention. Ce gars m’a initié à la discipline. Puis, j’ai eu la chance de côtoyer des étrangers qui en faisaient.
Quels ont été vos premiers défis ?
Les gens m’ont découvert à travers ma première vidéo filmée du haut d’une église à Antanifotsy. Mais avant cela, j’ai fait plusieurs dingueries, seulement on n’avait pas encore pensé à filmer. J’ai, par exemple, sauté du haut d’une chute d’eau. Dernièrement, j’ai fait du freestyle sur les bords du cratère du volcan Tritriva avant de plonger dans le lac. L’hiver dernier, nous étions sur les sommets d’Ibity, 2.800 mètres. Nous avons campé là -haut et fait quelques figures sur les rochers au niveau d’une partie abrupte de la formation rocheuse.
Que faites-vous à part le trial ?
A part le trial, je mène une vie d’aventures. Je fais du kitesurf et un peu de motocross. Je suis, par ailleurs, vidéaste et photographe.
Propos recueillis par Tolotra Andrianalizah