Phanala, de son vrai nom Malala Tojonantenaina Rakotozafindrainibe, fait partie des stylistes élevés au rang de Chevalier de l’ordre des arts, des lettres et des cultures, durant l’évènement Mihamy Mada Fashion le weekend dernier. Cette économiste de formation de 33 ans ne regrette pas son choix d’avoir suivi la voie de sa passion quelques années plus tôt.
Studio Sifaka : Que veut dire Phanala ?
Phanala : Phanala, c’est deux choses contradictoires. L’un signifie la lumière plus la chaleur et l’autre le froid. C’est justement mon style, il y a un mélange de genres parfois contrastés. L’orthographe « Ph » au lieu de l’usage du « F » pour « fanala », c’est pour l’ouverture vers l’extérieur puisque que le « ph » n’existe pas en malgache.
Comment avez-vous appris le métier ?
Ma mère est couturière et mon père sait très bien dessiner. Je dirais que leur union a donné une styliste (rires). A l’école, je remplissais mes cahiers de croquis. J’ai conçu et réalisé mon premier vêtement au lycée. J’ai appris les bases auprès de ma mère. J’ai ensuite suivi quelques formations et je me suis perfectionnée en autodidacte ensuite.
Quand est-ce que Phanala est née ?
C’était en 2008 lorsque j’ai participé à un concours à la télévision. J’étais en troisième année. Ce sont mes proches qui m’ont poussée à participer au concours. J’ai terminé parmi les finalistes.
Est-ce que vous avez pensé à devenir styliste quand vous étiez plus jeune ?
Pas du tout. Quand j’étais petite, je disais que je voulais devenir médecin puis greffier. Mais le droit, c’est beaucoup de leçons (rires). Puis finalement, j’ai fait économie à Ankatso, sanctionné par une maîtrise. Je dis souvent aux gens que je suis économiste de formation et styliste de passion.
… et de profession. Comment s’est fait le choix ?
Au départ, j’ai beaucoup tergiversé. Les gens me disaient, « à quoi te sert ton diplôme ?» Mais quelque part, dans ma tête, je voulais faire ce métier. Cependant, je me suis posée la question si cela allait me permettre de vivre. Quand je me suis mariée, j’ai travaillé dans un ministère pour justement utiliser mon diplôme mais au bout d’un an, j’ai fait mon choix. Je n’étais pas du tout épanouie dans mon travail. De ce fait, j’ai décidé de travailler à mon compte.
Pouvez-vous raconter comment vous avez eu votre première machine à coudre ?
C’était après mes études à Ankatso. L’heure était venue de trouver un job mais c’était plus parce que je voulais une machine à coudre. Hors de question de demander l’argent à mes parents donc j’ai travaillé comme opératrice média. Lorsque j’ai eu deux machines à coudre et un stockman (mannequin), j’ai arrêté.Â
Cela vous aide-t-il d’être économiste dans votre métier ?
Oui, dans la gestion de mon entreprise. Dans la comptabilité et dans tout ce qui est finances.
Qu’en est-il du marché de la mode à Madagascar ?
Le marché est encore vaste même si nous sommes nombreux. A chaque styliste de faire parler son identité et son style et de définir sa cible. Normalement, on peut reconnaître le concepteur d’un vêtement rien qu’en le voyant.
Quel est votre style à vous ?
Le lambahoany. Si je dis cela, vous allez dire que beaucoup font déjà du lambahoany. Certes mais j’ai une manière à moi d’incorporer le lambahoany. Pour moi, le lambahoany rehausse la création. Je brode littéralement le vêtement avec le lambahoany. C’est ma touche personnelle. Des fois, les gens ne réalisent que c’est du lambahoany que quand je le leur dis.
Avez-vous un styliste malgache que vous admirez en particulier ?
Oui, Tachou. Elle était la marraine du concours auquel j’ai participé.
Et étranger ?
Vera Wong.
Vous avez été décorée Chevalier de l’ordre des arts, des lettres et des cultures. Qu’est-ce que cette distinction signifie pour vous ?
Une consécration mais cela me pousse aussi à aller encore un peu plus loin. Ce n’est pas un but mais je dirais une étape.
Quel est votre objectif dans le métier ?
C’est faire briller la marque Phanala à l’étranger. Pourquoi pas dans les grands rendez-vous internationaux, des fashion week.