Occupant une place prépondérante dans le quotidien de chacun, les médias conventionnels (TV et Radio) jouent un rôle important dans l’éducation citoyenne. À Madagascar, avec l’arrivée des réseaux sociaux et d’Internet, ces médias ont-ils encore leur place auprès des jeunes ? Lalaina Rakotonirina, responsable communication auprès de l’ONG Ilontsera, observatoire des médias et de la communication nous en parle.
Studio Sifaka : Selon vous, les médias conventionnels ont-ils encore une place caractéristique auprès des jeunes à Madagascar ?
Lalaina Rakotonirina : En 2020, l’ONG Ilontsera a mené, avec l’appui du PNUD, une étude portant notamment sur la place que les médias occupent dans le quotidien des jeunes. Cela a permis de démontrer que les médias conventionnels restent les premiers canaux d’informations auprès des jeunes. 38 % des jeunes ont l’habitude de regarder la télévision et 26 % s’informent en écoutant la radio. Certes, ces recherches ont été menées dans trois grandes villes (Antananarivo, Mahajanga et Antsiranana), mais des études non officielles ont démontré la même chose en milieu rural.
Pourtant, avec le confinement, les réseaux sociaux dont Facebook, ont été un des outils les plus utilisés pour s’exprimer. Serait-il possible que les médias conventionnels soient dépassés par ces nouvelles plateformes?
Cela concerne plus les jeunes des grandes villes. Il faut savoir que le taux de pénétration des réseaux sociaux à Madagascar est encore très faible, avoisinant les 10 % seulement. Nous parlons d’un pourcentage sur tout âge confondu. Cela nous indique que les médias conventionnels gardent encore leur place auprès de la majorité des jeunes et des Malgaches. Par ailleurs, cet engouement s’explique par le fait qu’avec le confinement, les réseaux sociaux permettent de s’exprimer librement et d’échanger. D’autre part, les offres des opérateurs de téléphonie mobiles et internet facilitent l’accès aux réseaux sociaux. Mais dans tous les cas, même avec l’arrivée des réseaux sociaux, les médias conventionnels restent les premiers canaux d’information auprès des jeunes, surtout les radios.
Face à tout cela, les médias restent-ils des vecteurs permettant d’éduquer les jeunes en tant que citoyen ?
D’une part oui, mais cela dépend principalement de la ligne éditoriale ou des grilles de programme des entreprises médiatiques. En tout cas, globalement, on peut dire que les médias conventionnels qui existent à Madagascar remplissent encore leur rôle en tant que média, à savoir : divertir, informer et éduquer.
Cependant, il faut noter que les jeunes ont aujourd’hui du mal à s’identifier et se sentent même exclus des médias, notamment dans les émissions ayant une portée éducation citoyenne. C’est le cas, par exemple, dans les émissions à thématique politique, économique, développement… Ce sont souvent les personnes qui ont évolué depuis longtemps dans le monde politique, ou des spécialistes du domaine qui ont la parole dans ces émissions. Quelque peu mis sur la touche, les jeunes s’excluent eux-mêmes, car ils ne s’identifient pas dans ces émissions. Pourtant, il faudrait créer des plateformes ou des émissions pour les inciter à s’exprimer ou à prendre parole.