Valiha, sodina, accordéon, amponga, guitare et/ou Kabosy, « La musique adoucit les mœurs » mais aussi les maux, si l’on se réfère aux dires du musicothérapeute, Maliki Mohamed, spécialiste dans le domaine de la musicothérapie via la valiha. Interview.
Studio Sifaka : Comment êtes-vous devenu musicothérapeute ?
Maliki Mohamed : En fait, je suis chercheur en thérapie traditionnelle et bien-être. J’ai voyagé dans 5 pays et durant mes divers séjours, j'ai remarqué que chaque pays a sa propre culture, et donc à chaque pays revient son propre instrument de musique, souvent à la fois traditionnel et thérapeutique. Bien avant, j'avais déjà appris à jouer de la valiha dans une académie de musique à Madagascar (CNEM). Mais c'est beaucoup plus tard que j'ai rencontré Monja Manintsindava, lors de son vivant, qui m'avait expliqué les bienfaits thérapeutiques de la musique sur le mental et la santé, et c'est suite à cette rencontre que j'ai commencé à approfondir ce domaine.
En quoi consiste le métier de musicothérapeute ?
Le musicothérapeute traite, soulage les maux, les douleurs, également les symptômes et aussi les maladies à travers un ou plusieurs sons ou des mélodies spécifiques.
De quels instruments vous servez-vous en général ?
A Madagascar, à ma connaissance, il existe plusieurs sortes d'instruments traditionnels pouvant être utilisés dans la musicothérapie. Moi, je ne me sers que de la valiha pour l'instant.
Dans quelle tranche d’âge se situent vos patients ?
Les patients qui me consultent ont entre 10 Ã 60 ans.
Est-ce facile de convaincre les patients de recourir à la musicothérapie à Madagascar ?
Oui, il faut savoir bien expliquer de quoi il en retourne pour convaincre un(e) patient(e) d’accepter la musique comme moyen de thérapie car déjà , la musique fait partie des mœurs et coutumes acceptés par la population.
Dans quels cas spécifiques recommandez-vous la musicothérapie ?
La musicothérapie peut s’appliquer à la vie en général. Il ne faut pas penser qu’elle n’est seulement efficace que dans les traitements de maladies. En fait, chaque son exerce un effet spécifique sur le corps. Scientifiquement parlant, le son d'une gamme grave comme le do, par exemple, génère déjà une sensation profonde de courage et confiance en soi. La mélodie de « L'hymne à la joie » de Beethoven est connue pour ses effets qui donnent effectivement une très profonde joie intérieure, à celui ou celle qui l’écoute, grâce aux différentes gammes des notes jouées. Par conséquent, la musique peut être bénéfique dans tout ce qui est mal, symptôme ou maladie liée au système nerveux et aux émotions.
C’est la gamme majeure ou mineure qui fait le plus d'effet ?
Ce n’est pas seulement la gamme majeure ou mineure qui prédéfinit les effets qui en ressortent. D’autant que c'est l’instrument lui-même qui doit être réglé à une certaine fréquence pour jouer son rôle. De ce fait, l’instrument utilisé doit, de base, être réservé pour un usage thérapeutique.
Combien de séances faut-il pour guérir un patient ?
Pour ce qui est du nombre de séances, je dirais que ça dépend des cas. Certains cas graves sont plus que d’autres. Pour éviter une récidive, chaque musicothérapeute doit donner des instructions à suivre aux patients. D’ailleurs, après traitement, un suivi-contrôle au cas par cas s’impose. Si le patient suit les instructions à la lettre, il peut tout à fait parvenir à une guérison totale et complète.
Y a-t-il déjà eu des cas où la musicothérapie n’a pas abouti ?
Jusqu’à ce jour, je n’ai pas encore rencontré de cas n’ayant pas abouti.
Propos recueillis par Linda Karine