Les atteintes aux Droits de l’Homme sont nombreuses à Madagascar mais comment les dénoncer de manière efficace ? C’est ce à quoi va s’attaquer le premier boot camp Rary Aro qui se tiendra du 4 au 9 octobre prochain, en parallèle avec la Biennale de Luanda, le Forum panafricain pour la culture et la paix. Interview du coordinateur de l’évènement, Hajatiana Randrianomenjanahary.
Qu’est-ce que « Rary Aro » en quelques mots ?
Rary Aro est un programme de l’Unesco à Madagascar pour former les jeunes issus de plusieurs organisations, des jeunes leaders de la société civile mais surtout des jeunes journalistes à être des défenseurs actifs des Droits de l’Homme. Il y aura un boot camp d’une semaine du 4 au 9 octobre prochain à cet effet. On va parler des fondements des Droits de l’Homme mais surtout on va créer un réseau de défenseurs d’une manière concrète. Il va y avoir des plans d’action, il y aura des policy papers. Il y aura même des plateformes pour les journalistes afin qu’ils puissent exprimer leur combat pour les Droits de l’Homme. Nous pensons faire 9 autres boot camp dans les autres régions de l’île au cours de la prochaine année.
Qui peut participer au boot camp ?
Il y aura des représentants des associations qui se battent pour les Droits de l’Homme, l’égalité et la justice climatique entre autres. Il y a donc aussi des journalistes des médias locaux qui ont une affinité avec les Droits de l’Homme.
C’est quoi être actif dans la lutte pour les Droits de l’Homme ?
C’est oser dénoncer en face d’une injustice. Il est important d’activer le processus juridique mais pour cela, il faut connaitre le mécanisme pour porter cela en justice et vraiment essayer de gagner. Il y a trop d’impunité à Madagascar concernant les Droits de l’Homme, l’égalité et même les droits environnementaux. Il est nécessaire que ces impunités diminuent le plus possible. Pour cela, il faut connaître le mécanisme à Madagascar mais aussi à l’international. Les médias jouent un rôle important en ce sens.
Est-ce qu’on a des profils de défenseurs de droits de l’Homme à Madagascar ?
D’après ce que j’ai vu, oui. Il y a des personnes qui veulent faire quelque chose, mais c’est la synergie qui fait défaut. Il faut une synergie pour y arriver. D’où le boot camp justement. Ce sera vraiment dans un esprit de réseautage de personnes qui veulent être actifs. La solidarité permettra d’avoir une plus grande force.
Il y a des exemples de lanceurs d’alertes qui sont incarcérés dans le pays. Que pouvez-vous dire à propos de cela ?
Le fait que ces personnes aient été arrêtées est le signe de la faiblesse du réseau. Il a fallu une intervention à l’international avec l’Amnesty pour les sortir de prison. Ce genre de chose ne devrait pas se produire si le réseau était en place. On ne sera plus des médecins après la mort. Dès le début, il faut que le réseau soit là , au courant de tout, que tout soit bien ficelé. C’est cette synergie qu’on veut mettre en place pour ne plus vivre ce genre de chose.
Il y a un projet de loi qui veut protéger les lanceurs d’alerte. Est-ce que vous pensez faire un lobby pour qu’il aboutisse ?
Bien sûr. Il y a toujours des lacunes par rapport à tout cela. On va faire des lobbies pour que le texte ne soit pas une loi faible qui puisse être exploitée par les fautifs. Donc on va essayer de faire des lobbies.
Propos recueillis par Tolotra Andrianalizah  Â