Thierry Ratsizehena, consultant en stratégies social media depuis 2015, s’intéresse aux problématiques liées aux réseaux sociaux et aux enjeux sociétaux du web. Dispensant des formations pour l’utilisation des médias sociaux à des entreprises et des particuliers malgaches, il nous accorde une interview pour nous expliquer l’importance de l’e-réputation.
Pouvez-vous vous présenter ?
Cela fait déjà plus de 12 ans que je m’intéresse principalement aux problématiques liées aux réseaux sociaux et aux enjeux sociétaux du web. Depuis 2015, avec Akanga 2.0, nous formons les entreprises malgaches à mieux appréhender l’utilisation des médias sociaux.
Etant un « early adopter », comme on le dit dans le jargon, comme beaucoup de jeunes de maintenant, je suis un des utilisateurs de la première heure et les enjeux autour de ces nouveaux canaux de communication m’ont toujours fasciné.
J’ai débuté dans la formation, il y a maintenant presque 10 ans. Une de mes premières missions a justement été d’accompagner des jeunes à utiliser les réseaux sociaux dans le cadre de tâches de sensibilisation de leurs pairs sur des thématiques liées à la jeunesse.
Dans quels domaines rattachés à l’e-réputation et aux initiatives jeunes intervenez-vous ?
J’interviens surtout auprès des organisations et des entreprises, peu importe le secteur d’activité, mais aussi auprès d’entrepreneurs pour les accompagner à mieux comprendre les enjeux liés à leur présence numérique. Nous pensons également jouer un rôle pédagogique, utile dans la vie de tous les jours. Nous avons quelque part un devoir de mieux les préparer à une utilisation à bon escient de l’outil numérique.
Bien que les réseaux sociaux existent depuis un bon moment maintenant et que leur utilisation s’est beaucoup démocratisée, ces outils restent innovants. J’ai vu le développement de ces plateformes à Madagascar ces dernières années, avec toutes les conséquences positives ou négatives que cela pouvait engendrer. Ces outils évoluent très vite. Les utilisateurs doivent sans cesse se remettre en question. Mon métier me permet d’être justement d’être au contact de ces nouveaux usages.
Qui sont les plus intéressés par les formations que vous mettez en place, les hommes ou les femmes ?
Nous ciblons toutes les catégories de personnes, sans distinction de genre. Mais nous avons plus de femmes que d’hommes lors de nos formations. Selon nos constatations, statistiquement, les femmes seraient plus enclines à exercer les métiers à la communication sur les médias sociaux. Nos participants appartiennent majoritairement à la vingtaine voire la trentaine, une tranche d’âge jeune, qui correspond également à la représentation démographique des utilisateurs des réseaux sociaux à Madagascar en majorité.
Suite à vos formations, les jeunes sont-ils opérationnels et indépendants ?
L’objectif de nos formations est justement de les rendre autonomes dans leur utilisation des réseaux sociaux et de leur apprendre à mieux comprendre les enjeux contemporains du numérique. Nous essayons d’adopter une approche très pragmatique, donc tenant compte des réalités malgaches, tout en les immergeant dans la dynamique globale dans laquelle ils vivent, celle de l’évolution des outils technologiques, des usages et pratiques de communication… Nos formations sont un condensé d’outils et de techniques qui peuvent aussi leur être utiles au quotidien.
Que pouvez-vous apporter aux jeunes pour qu’ils puissent réaliser les projets à leur initiative ?
Beaucoup de conseils de la part de quelqu’un qui a longtemps évolué dans le web et les réseaux sociaux et une certaine expertise dans le domaine. Il est important de bien saisir les opportunités qu’offrent les réseaux sociaux, mais il faut aussi faire attention au revers de la médaille. C’est une lame à double tranchant si on ne fait pas attention.
Comment définissez-vous l’e-réputation ?
L’utilisation de ces nouveaux canaux numériques, notamment les réseaux sociaux, nous expose à de nouvelles problématiques inexistantes jusque-là . Nous devons nous soucier de l’image que nous projetons dans la vie réelle, mais aussi les représentations nées de nos interactions numériques. D’ailleurs, la frontière entre ces deux univers devient de plus en plus poreuse.
Que pensez-vous des initiatives jeunes ?
Toutes les initiatives qui visent à mettre en avant la technologie, tout en responsabilisant les utilisateurs concernant l’utilisation de ces technologies, sont vertueuses pour moi. Les réseaux sociaux ouvrent pas mal de portes et ont permis à bon nombre d’initiatives d’émerger ou de se faire connaitre : des startups, des communautés technologiques, des concours d’innovation, etc.
L’e-réputation est-elle incontournable de nos jours à Madagascar ?
Elle est incontournable dans la mesure où, comme je l’ai expliqué, notre vie numérique est le prolongement de notre vie de tous les jours. Et pas seulement à Madagascar. Elle est d’autant plus incontournable depuis l’avènement des réseaux sociaux. On a maintenant quasiment tous ce réflexe d’aller fouiller les résultats concernant un individu qui nous intéresse sur Google ou sur les réseaux sociaux. Dans la sphère professionnelle, par exemple, la confiance occupe une place importante dans toute relation interhumaine. Bien gérer sa réputation en ligne devient donc une étape indispensable pour qui veut réussir dans ses interactions professionnelles. Et vous savez que mal appréhender les avis négatifs peut avoir des conséquences préjudiciables aussi bien pour un individu que pour une organisation.
Propos recueillis par Linda Karine