Onjatiana Rajaobelina Ravoninjatovo, 28 ans, est la directrice de la communication de l’ONG environnementale Graine de vie qui œuvre dans la reforestation. Vivant dans le nord de l’île depuis moins d’un an, elle se dit totalement épanouie d’habiter dans une région où l’environnement est plus ou moins préservé. Pas question de retourner à Antananarivo pour le moment pour cette militante à la main verte au figuré comme au propre car elle s’est découvert entre temps une nouvelle passion, la peinture dont elle est l’une des nouvelles figures sous la signature O.R.
Studio Sifaka : Qu’est-ce l’ONG Graine de vie fait exactement ?
Onjatiana Rajaobelina Ravoninjatovo : En quelques mots, nous faisons du reboisement communautaire et de la sensibilisation des communautés locales à la reforestation. A cet effet, nous distribuons des jeunes plants. Nous sommes présents dans seize régions à Madagascar. Nous avons quelque 3 millions de jeunes plants dans nos pépinières.
Votre sentiment quand vous avez appris que vous allez vivre à Antsiranana ?
Je n’ai même pas réfléchi 5 minutes pour dire oui. Je travaille pour Graine de vie depuis plus de trois ans. Je voyageais déjà beaucoup dans nos sites. Puis on m’a proposé de vivre à Antsiranana en juin 2021. Je n’ai pas hésité. Etre dans la nature, loin de la ville, me rend plus productive. C’est très bénéfique pour moi. Je me sens épanouie.
Concrètement, qu’est-ce que cela vous apporte de vivre dans la nature ?
Ça permet de voir le monde en plus grand, d’élargir les horizons au lieu des quatre murs à Tanà .Â
Avez-vous toujours été dans l’environnement ?
Je suis tombée dedans en 2017 quand j’ai créé l’association Greener Madagascar. C’est une association réunissant des jeunes qui font des actions autofinancées par ces jeunes.
Vous êtes peintre depuis peu de temps. Comment cela vous est-il arrivé ?
C’est récent. C’est né durant le confinement en 2020. Je me suis perfectionnée au fur et mesure puis j’ai donné ma première exposition en mars 2021 à la Teinturerie à l’occasion de la Journée de la femme. C’était une exposition collective. Maintenant, je consacre je dirais 40% de mon temps à la peinture.
L’environnement influence-t-il votre travail d’artiste ?
Non. L’environnement ne se retrouve pas dans mes tableaux, mais être dans un bon environnement m’inspire avec la mer, la forêt, la montagne … Vivre dans le nord m’aide beaucoup dans ce sens. Je compte faire des expositions tous les 8 mars et le mois de mars en général. Je veux montrer ma perception de la femme en dehors des idées reçues.
Quand vous revenez à Antananarivo, comment vivez-vous le retour à la pollution ?
Je dois dire que ça casse le moral, mais j’essaie de voir au-delà . Tanà me relie à mes proches. Puis je me dis que je ne serai que de passage (rires). Toutefois je profite toujours de mon passage pour agir. J’ai toujours mon association à côté. Â
En tant qu’acteur sur le front de l’environnement, qu’est-ce que cela vous fait de voir les feux de brousse sur les routes nationales ?
Ça me perce le cœur. Il y a ce sentiment d’impuissance. Tout le monde semble être impuissant face à ça. Pourtant il y a des actions qui se font mais elles ne sont pas encore palpables.
Propos recueillis par Tolotra Andrianalizah