L’application AndriA, crée par l’équipe Masôva regroupant des jeunes étudiantes en droit, est née dans le cadre du projet SAFIDI. Ce projet vise l’autonomisation des jeunes femmes malgache grâce au renforcement de leurs compétences dans le domaine du numérique et de l’entrepreneuriat. L’application servira à la protection des droits de la femme et à son épanouissement personnel et corporel. Entrevue avec l’équipe Masôva.
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Studio Sifaka : D’où vient l’initiative de créer une application pour les droits de la femme et sa protection ?
Masôva : L’idée de créer cette application vient tout d’abord de la participation au projet SAFIDI. Nous avons pour objectif de concevoir une application innovante et promoteur d’avenir.
Ensuite, nous avons constaté qu’à Madagascar les femmes vivent dans une société très patriarcale qui fait que, les femmes elles-mêmes ignorent leurs droits. Nous en tant que femme, c’est ce que nous ressentons. Et en tant que juriste, nous avons décidé de faire valoir ces droits de la femme tant délaissés. Les femmes malgaches ont besoin de protection face aux harcèlements, aux abus et aux violences.
Pouvez-vous expliquer ses fonctionnalités ?
L’application a deux interfaces principales. Il s’agit notamment de la rubrique « Droit » qui présente les droits de la femme sous forme de documents illustrés et faciles à comprendre.
Ces illustrations montrent des situations qu’elles pourraient rencontrer dans la rue, au sein de la famille ou dans le cadre de son travail. Il y aura aussi des anecdotes récoltées auprès des femmes de différents horizons, désirant partager leurs expériences. À travers ces informations, l’application devient ainsi un mini-guide pour celles qui sont peut-être victimes  d’abus ou de violence.
Deuxième interface, la rubrique boutique : la boutique « Mahasoa ahy ». Elle regroupera des produits cosmétiques et hygiéniques. Ce sont tous des produits écoresponsables et biodégradables pour la plupart.
A part cela, il y aura également des espaces publicitaires parce que notre modèle économique est basé sur la revente. Mais nous envisageons bientôt de concevoir nos propres produits écoresponsable et de les mettre directement en vente.Â
Qu’est-ce qui distingue cette application des autres ?
Grâce à cette application, le smartphone va devenir un compagnon pour le plébiscite du droit, spécialement du droit de la femme. Ce sera un outil qui peut aider les femmes à reconnaitre les formes d’harcèlement et de violences que la loi qualifie de punissables. Je pense que les partages d’expériences ainsi que les témoignages enrichiront la qualité des contenus. À long terme, nous projetons de mettre un bouton « alerte » qui va avertir les autorités compétentes en cas d’abus, de violence ou de harcèlement. L’innovation se situe également dans la langue de l’application. Elle est entièrement en malgache.
Votre application est-il destinée à toutes les femmes ou à une cible particulière ?
AndriA est destinée essentiellement aux jeunes filles pré-adolescentes de 12 ans aux femmes ayant une vie active, à peu près 50 ans ou plus. Cette tranche d’âge de femme a besoin de soutien juridique face aux problèmes qu’elles subissent au quotidien, surtout à Madagascar.
Nous voulons prouver également que les applications ne se limitent pas qu’aux adolescentes et les jeunes, mais pour toutes les catégories de femmes quels que soient leur âge.
Mais au final, l’application n’est pas seulement faite pour les femmes. Elle va aider les hommes à connaître un peu plus la femme et ses droits.
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Propos recueillis par Andrea Razafi