Du haut de ses 37 ans, Elia Rabevahiny, s’est imposé comme la figure du parti Otrikafo depuis la mort de son leader Rajaonah Andrianjaka en 2018. Secrétaire Général du parti depuis 2016, il continue de gagner en galons et veut montrer la voie aux jeunes qui peinent à trouver leur place dans la politique à Madagascar.
Comment êtes-vous arrivé dans la politique ?
Je suis un fils de fonctionnaires mais aussi fils de militant. Mon père était militant Monima. Il a été victime de la pratique politique dans le pays dans le temps. Mon père a été un des premiers sortants de l’école nationale de l’aviation à Arivonimamo. Seulement, parce qu’il n’a pas voulu porter allégeance à l’Arema, il n’a pas pu intégrer l’Air Madagascar. C’est l’un des faits qui m’a poussé à faire de la politique, comme quoi la politique peut nuire à la vie d’une personne. Chose que je n’accepte pas. Par ailleurs, on parlait beaucoup de politique à la maison donc me voici pleinement engagé sur cette voie. Sinon, je vouais déjà une passion pour les actualités quand j’étais enfant. En classe de primaire, à l’EPP, j’étais souvent en retard l’après-midi parce que j’écoutais le journal de la RNM. C’est en octobre 2009 que j’ai fait mes premiers pas en politique. J’ai eu le choix entre plusieurs partis. J’ai assisté à des réunions ici et là et c’est l’Otrikafo qui m’a convaincu même s’il fait partie des partis les plus pauvres sur le plan financier. Je dirais que ses valeurs correspondent à ce quoi j’aspire.
Mais pourquoi Otrikafo qui est quand même considéré comme un parti de - désolé de l’expression - « vieux » ?
C’est un choix. Je suis aussi un grand passionné d’histoire particulièrement l’histoire de ceux qui ont donné leur vie pour la patrie. Je suis tombé sur ce parti qui prône une politique du patriotisme. Puis, les leaders d’Otrikafo sont pour la plupart des descendants MDRM comme le fondateur Rajaonah Andrianjaka qui est le neveu de Ravoahangy Andrianavalona. Il y a aussi la fille du pasteur Tata Max en la personne de Voahangy Fidison. Ils m’ont transmis beaucoup d’éléments sur l’histoire du pays et pas qu’autour de 1947. Parmi les fondateurs il y a également le journaliste Georges Rakotondrasoava, le docteur Mananihasy Rakotomalala. La vue de ces personnes que je considère comme des bibliothèques humaines m’a séduit. C’est vrai que je suis le plus jeune dans le parti. Je pourrais même être leur petit-fils.
Vous êtes Secrétaire général (SG) du parti malgré votre âge …
A la mort du fondateur et leader naturel du parti Rajaonah Andrianjaka, on m’a proposé de diriger Otrikafo mais j’ai préféré rester SG parce que je ne me sentais pas encore capable de le faire. Remplacer Rajaonah Andrianjaka. J’ai vu aussi qu’il y a encore des raiamandreny du parti donc j’ai vraiment préféré rester SG.
Considérez-vous comme un pont entre ce parti et la jeunesse ? D’ailleurs, avez-vous un programme de recrutement de jeunes ?
C’est vrai que depuis que je suis SG du parti, depuis que je suis l’interface du parti, il y a eu beaucoup plus de jeunes qui sont intéressés et qui sont entrés dans Otrikafo. On peut dire que nous avons atteint en partie nos objectifs sur ce plan. Je pense que les jeunes et les plus âgés sont complémentaires. C’est bien dans une organisation. Les jeunes sont généralement plus enthousiastes et les plus âgés sont là pour réfréner les ardeurs.
Qu’en est-il de l’image du politicien en général à Madagascar ? En aviez-vous souffert ?
C’est difficile pour un jeune d’entrer dans la politique à Madagascar. Le problème réside dans la perception même de la politique. Pour moi, la politique n’est pas le mal absolu comme on pourrait le penser. Mais je ne puis donner tort aux personnes qui pensent cela notamment les jeunes car non n’avons pas de bons modèles surtout ce que l’on voit actuellement. L’image de la politique a été sérieusement écorchée. Il y a eu des connaissances à moi qui ont pris leurs distances à mon égard tout cela parce que je fais de la politique, que je serais un filou ou ce genre de personne. Mais je garde en tête ce que m’avais dit un ainé : si tu ne le fais pas, qui le fera ? C’est pour cela que je le fais. Pour moi, c’est une fierté que de me dresser pour des idées politiques. J’invite les jeunes à entrer dans la politique pour ces raisons.
Les jeunes ont-ils leur place dans la politique ?
Cela vient petit-à -petit. Il faut garder en tête que l’ancienne génération ne va pas accepter facilement qu’il y ait des jeunes qui osent les affronter politiquement. C’est difficile pour eux. Mais c’est à nous, jeunes de prendre notre place et pas que sur la scène politique. C’est un combat à mener. Â
Propos recueillis par Tolotra Andrianalizah