Au cours de ces dernières années, les consommateurs ont pu remarquer l’apparition de nouvelles marques de pâtes alimentaires sur le marché, que ce soit des nouilles instantanées ou des spaghettis. Leur particularité c’est qu’elles sont fabriquées à Madagascar. L’industrie de la pâte a bénéficié de la mesure de sauvegarde que l’Autorité nationale chargée des mesures correctives commerciales (ANMCC) a mise en place. La structure fête ses cinq ans d’existence cette année. Entretien avec son directeur Barthélémy.
Que peut-on dire de ces cinq premières années de l’ANMCC ?
Comme pour toutes les nouvelles structures qu’on met en place, il y a eu une phase d’opérationnalisation. Il a fallu mettre en place les outils pour que l’agence puisse travailler. Je parle par là des textes qui correspondent aux accords internationaux pour pouvoir adopter des mesures correctives. C’était une étape très importante. A part cela il a fallu former des techniciens pour mener les enquêtes dans la mesure où c’était totalement nouveau à Madagascar. Pour cela, nous avons demandé une assistance technique auprès de l’Organisation mondiale du commerce mais des pays comme l’Egypte et le Maroc nous ont aussi aidé sur ce point. Depuis 2018, nous avons mis en place trois mesures correctives qui sont des mesures de sauvegarde sur les pâtes alimentaires, les couvertures et les détergents en poudre.
Quels ont été les impacts de ces mesures sur les activités visées ?
L’ANMCC a étudié les impacts. Cela s’est traduit par une baisse effective des importations sur les pâtes et les détergents. Pour ce qui est des couvertures, c’est le statu quo parce qu’il y a eu des contournements de la mesure. Les couvertures importées ont continué à affluer mais sous la forme de friperie. Les importateurs ont utilisé d’autres codes au niveau de la douane. Nous sommes en train de voir comment y remédier parce qu’il n’est pas possible de toucher à chaque fois les codes de la douane. Il va falloir voir du côté de la loi de finances pour cela.
La conjoncture avec la COVID-19 et la crise en Ukraine a-t-elle eu une incidence sur l’application des mesures correctives ?
L’intérêt public entre toujours en compte lors de la mise en place des mesures correctives. C’est à travers les enquêtes qu’on peut définir le moment opportun pour mettre en place les mesures. Et même quand les mesures sont appliquées, si la situation nuit à cet intérêt public, il est toujours possible de suspendre l’application dans une durée déterminée. C’est le cas par exemple si la production locale n’a pas suivie la demande. Ce ne fut pas le cas pour les trois mesures que nous avons prises.
De quoi les prochaines années de l’ANMCC seront faites ?
L’utilisation des mesures correctives commerciales dépend de la politique commerciale du pays. Le gouvernement parle actuellement de pépinières industrielles. L’ANMCC doit se tenir prête pour soutenir ces pépinières industrielles car en tant qu’industries naissantes elles doivent être protégées.
L’ANMCC peut-elle s’autosaisir ?
Oui. Elle peut le faire mais les conditions pour la mise en place des mesures correctives ne changent pas. Il faut qu’il y ait un accroissement notable des importations que cela entraine des préjudices ou des menaces avérées sur l’activité en question. Dans le cas d’une autosaisine, il faut que le secteur en question soit considéré comme prioritaire. C’est pour cela que l’ANMCC est un outil dans la politique commerciale et industrielle que le pays veut mettre en place.  Â
Propos recueillis par Tolotra Andrianalizah