Chaque week-end, des combats de coqs sont organisés un peu partout à Madagascar, notamment dans la capitale. Cette activité est perçue comme un loisir par ses adeptes. Pourtant, les paris sont très élevés durant les combats. Pour en savoir plus, nous avons discuté avec Raobijaona Tsihoarana, l’administrateur du groupe combat de coq de Dago et RPG Madagascar cockfighting.
Studio Sifaka: Y a-t-il une structure formelle qui organise les combats de coqs à Madagascar ?
Raobijaona Tsihoarana: Non, ce sont d’abord les amateurs qui se regroupent sur un petit terrain de quartier pour organiser eux-mêmes les combats. Ensuite, pour les grands championnats, nous les organisons au nom de groupes Facebook. Et puisque ce sont de grands championnats, nous invitons parfois des Thaïlandais, des Réunionnais, sans citer les éleveurs des autres provinces de l’île. Les combats ne sont pas clandestins. La preuve, c’est qu’une fois, la Ministre de la Culture et de la Communication et le Maire de la commune urbaine d’Antananarivo sont passés à Kianjan’ny Kanto pour assister à un combat. Mais il n’y a pas non plus de structure formelle comme une fédération ou autres. Nous avons déjà entamé les démarches mais l’Etat n’a pas encore donné son feu vert.
Studio Sifaka: Pourquoi est-ce qu’il y a eu des combats de coqs même durant le confinement ? Est-ce qu’il y a des personnes qui ne vivent que de cette activité ?
Raobijaona Tsihoarana: Ce n’est pas une question d’argent ou de survie. Il s’agit d’une passion comme le football. Il est difficile de dissuader des gens passionnés de suspendre leur activité favorite. Donc, même en confinement, il y a eu des combats privés avec moins de 50 personnes. Dans certains cas, les mesures barrières ont été respectées mais pas toutes.Â
Studio Sifaka: Vous dites que ce n’est pas une question d’argent mais de grosses sommes quant aux paris. Comment cela se passe ?
Raobijaona Tsihoarana: Le combat de coqs est un peu comme un monde à part. Il y a autant de personnes issues des bas-quartiers que de grandes personnalités. Mais autour du ring, on oublie tout cela. La somme en jeu dépend surtout des adversaires. Quand ce sont des teams qui s’affrontent, la somme est beaucoup plus conséquente puisque les membres cotisent pour rassembler l’argent. Les spectateurs font aussi des paris entre eux. Il n’y a pas vraiment de barème, les mises peuvent commencer à 1.000, voire 500 ariary.
Studio Sifaka: Et les coqs, pourquoi ils coûtent-ils aussi chers ?
Raobijaona Tsihoarana: C’est une question de race et d’origine. Est-ce que c’est un descendant direct de coq de combat thaïlandais, vietnamien, réunionnais, brésilien ou américain. Cela dépend aussi de l’argent qui a été investi pour le préparer aux combats. Le maximum que j’ai vu jusqu’ici, c’est 8 millions d’ariary.Â
Studio Sifaka: Il y a, à peu près, combien de personnes qui s’occupent d’un coq de combat ?
Raobijaona Tsihoarana: La plupart du temps, c’est l’éleveur qui fait tout le travail mais parfois, il peut y avoir plusieurs personnes. Le « Jockey », c’est lui qui assiste et encourage durant le combat. Ensuite, il y a le préparateur. Comme son nom l’indique, il prépare physiquement et mentalement le coq avant les combats. Ces deux personnes peuvent faire partie ou non d’une même team. Par contre, le « Mpandrary », c’est vraiment un prestataire que l’on fait venir. Il est chargé de « recoudre » les plumes du coq lorsque ce dernier est bien amoché.