Chancelante depuis plusieurs années, la classe moyenne risque de s’effriter encore un peu plus cette année pour gonfler le rang des pauvres.
La précarité n’a jamais été aussi menaçante. Destruction des emplois, rallongement des périodes de confinement, la crise de la covid-19 va laisser des traces notamment chez une classe moyenne plus fragilisée que jamais. Contrairement à ses voisins d’Afrique, Madagascar n’a pas su constituer une classe moyenne assez solide pour soutenir sa croissance au cours des dernières décennies. Avec un taux de pauvreté aux alentours de 90% (seuil international), la classe moyenne est quasi inexistante et est particulièrement touchée par les crises que traversent le pays.
Dans l’enquête nationale sur le suivi des objectifs du millénaire pour le développement à Madagascar 2012-2103, l’INSTAT (Institut National de la Statistique de Madagascar) a mis en avant les effets néfastes des crises sociopolitiques répétées, celles de 2002 et 2009 en l’occurrence, sur les conditions de vie des ménages, soulevant « la disparition progressive de la classe moyenne au sein de la société malgache ».
De nouveaux pauvres
2020, Madagascar fait face à une crise d’une toute autre forme, mais une crise quand même. Qu’adviendra-t-il de cette classe moyenne ? Combien seront-t-ils à faire leur entrer dans la catégorie des pauvres ? Si pour les décideurs, ce ne sont que des chiffres, dans la réalité, ce sont des drames que sont en train de vivre certains ménages. « Nous avons dû changer de logement car nous ne pouvions plus payer le loyer », indique un père de famille dont la femme a perdu son emploi. Elle travaillait dans le tourisme. S’étant estimé à l’abri de ce genre de choc, il n’en revient toujours pas. « Je travaille moi aussi dans le privé et je ne sais pas de quoi demain sera fait. Mon patron peut décider de tout fermer à tout moment ».
Pendant ce temps, le Président de la République annonce que le pic ne sera atteint que vers la fin du mois d’aout … Fais ce que tu dois, advienne que pourra !