Auparavant, à Madagascar, une personne avec des rondeurs ou avec un excès de poids était vue comme vivant dans la prospérité et heureuse. Pourtant, « la grossophobie », une nouvelle forme de discrimination basée sur le poids d’une personne fait rage aujourd’hui et fait même des ravages. Récemment, une jeune fille aurait mis fin à ses jours parce qu’elle n’avait pas supporté les regards moqueurs et les insultes prononcées contre son physique.
Considérées comme incarnation de la beauté, les personnes à taille fine ou à taille normale sont souvent celles qui apparaissent dans les publicités, ou en couverture de magazine. « La grossophobie, vient surtout du diktat imposé par la société actuelle. Les personnes en bonne santé ont un corps normal, ne sont pas grosses, ne cèdent pas à la gourmandise ou prennent soin de leur apparence », indique Holitiana Rajaonarivony, psychologue clinicienne et psychothérapeute.Â
La stigmatisation à l’égard du poids
Selon Francesca Raoelison, fondatrice de l’organisation Omena, « d’un point de vue sociologique, ceux qui discriminent les personnes en surpoids pensent que cet excès de poids est de leur faute. Et cela va même jusqu’à stéréotyper ces sujets de paresseux qui n’ont pas la volonté de changer». Toutefois, psychologiquement, cette tendance à juger les autres vient plutôt d’un manque d’acceptation de soi. « N’arrivant pas à faire de notre santé une priorité, nous projetons nos frustrations sur les autres à travers la grossophobie », souligne-t-elle, insistant surtout sur le fait que la stigmatisation ou la discrimination, à l’exemple de la grossophobie, est devenue aujourd’hui une part entière de la culture. De fait, cette tendance, pourtant négative devient normalisée. Â
Souvent, les propos blessants peuvent venir des amis ou de l’entourage proche de la personne, qui se disent se soucier de leur santé. « C’est pourtant assez toxique car c’est une manière d’imposer une norme ou une vision à la personne, sans pour autant être son médecin », explique Francesca Raoelison. « Ce que les autres ne savent ou ne comprennent peut-être pas, c’est que même les propos qu’ils qualifient de blagues peuvent blesser profondément », explique Randy, une jeune universitaire qui essuyait pendant longtemps des propos grossophobes de ses collègues et même des membres de sa famille. Le cas est le même pour Hoby qui, à cause de propos déplacés, a perdu confiance en elle pour finalement sombrer dans la dépression.
Quelles solutions pour cela ?
Effectivement, c’est l’origine même de cette forme de discrimination qui devrait être changée, notamment le standard de beauté de la société qui impose qu’une personne fine est plus belle. La psychologue clinicienne Holitiana Rajaonarivony insiste, par ailleurs, sur l’importance de mettre en place une structure pour venir en aide aux personnes qui subissent cette discrimination. Selon elle, « pour éviter des cas extrêmes comme le suicide, ces sujets ont besoin d’un soutien psychologique et moral pour les aider à affronter la société et à se reprendre en main. » Ce propos est soutenu par Francesca Raoelison qui affirme en même temps que parler avec un psychologue est assez nouveau à Madagascar mais constitue une étape importante.