"Tous les individus sont égaux en droit et en dignité en matière de santé de la reproduction (...)"dit la Loi 2017-043. A Madagascar, une observation de la société civile souligne que les questions liées à la santé sexuelle et reproductive (SSR) ne sont pas des sujets qui ont une grande ampleur dans la vie quotidienne par peur des représailles.
Selon les chiffres publiés dans le Plan Stratégique National en Santé de la Reproduction des adolescents et des jeunes en 2017, 70% des jeunes sont dans l'insuffisance d'information. Il est mentionné dans le même document, que cette dernière est causée par le manque d'échanges interpersonnels ainsi que le manque de matériels d'informations, comme les canaux médiatiques.
Il est écrit dans ce rapport que seul 1% des jeunes ayant répondu à l'enquête sont dans la capacité d'avoir au moins un canal de transmission. Comme par exemple la télévision, la radio, les journaux ou encore internet. Pour la plupart des jeunes enquêtés, l'inaccessibilité de ces canaux proviennent du manque de moyen financier. Cela peut également être des difficultés individuelles comme les déficiences en lecture et/ou l'analphabétisme ne permettant pas de lire la presse écrite.
Inefficacité des campagnes de sensibilisation sur l’hygiène menstruelle
A cause du manque d'information, les jeunes se soucient moins de l'importance de leur hygiène.
Si l'hygiène corporelle est primordiale pour tous les individus, la singularité de la menstruation l'est encore plus pour les femmes. La femme ne peut jouir du droit à une bonne hygiène menstruelle à cause du manque d’eau potable. A côté, il y a la cherté des serviettes hygiéniques jetables qui s’élève à 400 ariary l’unité au minimum, pour une utilisation minimale de 10 pièces par mois.
En effet, les nombreuses campagnes menées sur l’utilisation des protections hygiéniques lavables ne présentent pas encore de résultats effectifs. D’après un sondage effectué auprès des jeunes femmes de 18 à 26 ans, participantes au Rary Aro Mada Bootcamp à Analamanga Park du 20 au 26 mars 2022, une femme sur cinq affirme utiliser des serviettes lavables pendant sa période de menstruation.
Fausses informations sur le planning familial
Dans l’insuffisance de la vulgarisation des informations, les rumeurs sur les effets néfastes des moyens de planification familiale (dispositif intra-utérin, implant, pilules contraceptives, etc.), avancées dans la société créent une polémique et poussent certains jeunes à opter pour d’autres options, qui sont juridiquement illégales à Madagascar. Sariaka, une étudiante de 19 ans dans une université publique témoigne : « J’ai un petit copain, il m’encourage à faire le planning familial. Mais je n’ose pas, parce que des amis m’ont dit que l’utilisation de ces méthodes de planification familiale entraîne un cancer de l’ovaire. En ce moment, j’hésite encore …, j’y penserai peut-être puisque cela fait maintenant deux fois que j’ai recours à l’avortement et ça fait vraiment très mal ».
Article rédigé avec le concours des jeunes du Rary Aro Mada (projet de l’UNESCO financé par le Fonds pour la consolidation de la paix)