Une exposition prématurée à des images ou à des vidéos concupiscentes (vicieux, charnels, …) de façon involontaire ou délibérée devient un phénomène d’actualité sur les réseaux sociaux.
En novembre 2021, une étoile montante du cinéma malgache a été victime de diffamation sur Facebook. Effectivement, une vidéo montrant des images intimes de façon explicite a fait le buzz. Cette vidéo a été vue par la plupart des internautes malgaches, sans discrimination d’âge, incluant des mineurs. En effet, l’application Facebook limite à 13 ans l’âge minimum de ses utilisateurs, peut-on lire dans ses paramètres. Or, aucune vérification sur la véracité des informations fournies ne se fait lors de l’inscription, d’où tout le monde même les moins de 13 ans peut naviguer librement sur la plateforme et donc pourrait accéder à n’importe quelle vidéo diffusée dans ce réseau social.
Nous savons à quel point l’influence des pornographies sur les enfants pourrait être fatale sur leur futur. Ce que confirme le Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers. « Voir des images pornographiques entraîne la sidération et un sentiment de culpabilité chez l’enfant qui reste le plus souvent silencieux », explique-il. Ces expériences peuvent entraîner des « traumatismes psychiques ».
La protection des enfants relève une question de droit humain. Tiavina Luc, jeune défenseur des droits de l’homme au sein de la communauté Rary Aro Mada affirme lors d’une interview : « on a adopté une convention relative aux droits des enfants puisque ce sont les minorités qui ont besoin de protections renforcées et c’est à travers ces mécanismes juridiques qu’on pourra instituer une protection effective et on pourra même écarter toute forme de violence envers les enfants … Personnellement, en tant que défenseurs des droits humains, je pense qu’il est nécessaire d’adopter une politique contre ce genre de manifestation, la propagation des images à caractère pornographique notamment en mettant une politique avec les opérateurs téléphoniques mais également avec les parents par exemple en limitant l’usage des smartphones, des ordinateurs et d’internet par les enfants ». Nous faisons donc face à une violation des droits de l’Homme.
Certes, la mise en sécurité des enfants face à ce genre de chose relève de la responsabilité parentale mais qu’en est-il de la citoyenneté en ligne ? Ne sommes-nous pas tous concernés ? Quid de la responsabilité étatique ? Une jeune femme juriste au sein du JuritechMad expose sa réflexion sur le sujet : « C’est une affaire publique dans le sens où ça démontre une atteinte à la pudeur et aux bonnes mœurs. C’est plus une question de responsabilité parentale qu’étatique puisqu’aucune loi ne régit vraiment les réseaux sociaux à Madagascar, l’Etat n’est pas impliqué dans l’affaire administrative de Facebook car celle-ci est une application étrangère autonome. Certes, la brigade de lutte contre la cybercriminalité existe dans le pays mais elle ne régule en aucun cas les partages des images à caractères pornographiques sur Facebook, et n’empêche en aucun cas le visionnage de ces derniers par les mineurs et les plus jeunes enfants ». En effet, la brigade de lutte contre la cybercriminalité ne peut agir directement sans le signalement d’un témoin ou d’un extra. La censure de ce genre de contenu prend donc du temps. Alors : à qui la faute ? Que faut-il faire ?
Article rédigé avec le concours des jeunes du Rary Aro Mada (projet de l’UNESCO financé par le Fonds pour la consolidation de la paix)