Le partage en masse d’une publication sur les réseaux sociaux a récemment, attiré l’attention des protagonistes en droits humains concernant l’intégrité physique. Le choc : une jeune étudiante descendant du bus 114, ligne desservant Ambohibao-, a été victime d’un attouchement physique : sa poitrine gauche agrippée par le receveur. Incident suivi d’une dégradation morale, voire de moquerie selon la victime.
Les chiffres sont concrets. Dans le cadre d’un sondage effectué auprès de 40 femmes présentes à Analamanga Park lors du Rary Aro Mada Bootcamp du 20 au 26 mars 2022, 37 affirment avoir déjà subi une agression dans les lieux publics. Ce genre d’incident est banalisé, ayant pour principal victime toutes catégories de femme, classe confondue y compris les femmes transgenres.
Par ailleurs, nous pouvons observer le même phénomène en France. Selon les données rapportées par France 3, en 2017, 100% des utilisatrices des transports en commun affirment avoir été victimes d’agressions sexuelles ou d’harcèlement sexistes lors d’au moins un de leur trajet. Le harcèlement dans les lieux publics se fait fréquemment dans les transports en commun ou dans la rue, ayant pour principale cause la culture du viol. Selon ONU Femmes, la culture du viol est l’environnement social dans lequel on justifie et normalise les violences, les agressions sexuelles et sexistes.
Que dit la loi ?
Madagascar ayant signé et ratifié la déclaration universelle des droits de l’homme, la législation est tenue au respect de l’article 4 stipulant la sécurité et le respect d’autrui. Selon l’association de juristes Juritechmad, les agressions sexuelles ou le harcèlement sexiste constituent une atteinte à la pudeur et aux droits de la personne. Celle-ci ajoute que malgré les répressions prévues par le code pénal, la meilleure solution pour faire cesser le harcèlement de rue n’est autre que l’éducation et la sensibilisation.
Conséquences sur les victimes
Les attouchements sans consentement sont considérés comme des agressions sexuelles et entraineraient de graves séquelles psychologiques sur les victimes telles que la peur, l’anxiété, l’agoraphobie jusqu’à des séquelles mentales comme la dépression selon une étude réalisée par des chercheuses de l’Université de l’Etat du Missouri.
Par chance, la jeune fille du bus 114 a pu porter plainte justifiant l’intervention de la gendarmerie. Le coupable a été arrêté, trainé en justice et incarcéré. Un bon début de changement, toutefois reste encore insuffisant selon les nombreuses études sur la question.
Fallait-il vraiment en arriver là pour que pour que la justice, la société réagissent ? Et si le changement commençait par la conscientisation des jeunes sur la problématique du harcèlement de rue.
Article rédigé avec le concours des jeunes du Rary Aro Mada (projet de l’UNESCO financé par le Fonds pour la consolidation de la paix)