Mise à l’écart. Tel est le cas pour plusieurs journalistes mardi dernier lors de l’ouverture de la session ordinaire à l’Assemblée nationale de Tsimbazaza.
Une partie de la presse a tout de même été conviée par la chambre basse pour couvrir l’événement via une invitation distribuée au préalable. Au début de la session, en fin de matinée, tandis que la cérémonie débute, de nombreux professionnels de la presse étaient cloués devant le portail du palais. Finalement, après des négociations entre des membres de l’Ordre des journalistes de Madagascar (OJM) et les responsables de la sécurité de l’institution, les journalistes ont pu rejoindre l’hémicycle, du moins la porte d’entrée, vu qu’il n’a également pas été facile d’y entrer, selon le témoignage d’un journaliste sur place au moment des faits.Â
Dès la fin de la cérémonie d’ouverture de la session, les réactions surgissent de toutes parts. L’explication fournie par les responsables de l’Assemblée nationale est que c’est une réorganisation forcée par le manque de place dans la salle de réunion. Au cours de la journée, l’OJM publie un communiqué fustigeant les événements qui se sont déroulés quelques heures auparavant à Tsimbazaza. Selon ce communiqué, il est étonnant que des journalistes n’aient pas été autorisés à entrer alors que les accompagnateurs des membres du gouvernement ont pu rejoindre sans difficulté la salle de réunion.Â
Environnement précaire
Le lendemain, Justin Tokely, le président de l’Assemblée nationale (PAN), reçoit la présidente de l’OJM, Monica Rasoloharison, dans son bureau. La version du PAN corrobore avec l’explication des responsables de la chambre la veille. Il met également en avant le fait que la mesure a été prise dans l’optique d’écarter les usurpateurs de la fonction de journaliste. L’élu de Sambava réitère pour l’occasion que l’Assemblée nationale est et sera un sanctuaire de la démocratie. Une réunion entre les membres du bureau de l’Ordre et le bureau permanent de la chambre basse est prévue. En attendant, les journalistes auront libre accès aux événements publics à Tsimbazaza, mais devront présenter la carte professionnelle de l’OJM ou une carte maison tamponnée par l’ordre.Â
Les incidents de mardi sont une preuve, une fois de plus, de la précarité de l’environnement de travail des professionnels de la presse. C’est également un constat que de tels cas vont directement impacter le droit à l’information consacré par la loi fondamentale à la population. L’article 7 nouveau de la loi 2020-006 sur le code de la communication médiatisée stipule pourtant qu’« aucun journaliste ne peut être empêché ni interdit d’accès aux sources d’information ». L’alinéa 2 du même article précise que « le journaliste a le droit de s’informer sans entrave sur tous les faits d’intérêt public ».
Ravo Andriantsalama