Donnée vainqueur par la Ceni, Harilala Ramanantsoa est en bonne position pour devenir la prochaine maire de la commune urbaine d'Antananarivo. D'importants défis l'attendent cependant dans l'éventualité que le tribunal administratif d'Anosy rend le même verdict que l'institution d'Alarobia.
"Anosy, à vous la parole". Le tribunal administratif prend ses décisions en toute indépendance, mais il est possible qu'une décision soit modifiée ou annulée lors de l'examen d'un recours. De plus, c'est la seule structure habilité à statuer sur les contentieux électoraux en sa qualité de juge électoral pour ces communales. En tout cas, les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) donnent Harilala Ramanantsoa de l'Irmar vainqueur avec un score de 43% devant le Tojo Ravalomana du TIM avec 36%. Il est donc fort probable que la dame soit élue maire du capital et premier magistrat d'Antananarivo. Ici, le tribunal revêt parfaitement son rôle indépendant dans son devoir de proclamer les résultats officiels des élections.
La polémique sur les résultats réels de ces communales dans la capitale ne fait qu'envenimer la situation et rend encore plus délicat la décision du tribunal d'Anosy. De son côté, la Ceni par le biais de son président Dama Arsène se dit satisfait de ce que l'organe a accompli depuis la présidentielle de l'année dernière jusqu'à maintenant. À l'entendre à sa sortie de la proclamation des résultats provisoires de la province d'Antananarivo vendredi dernier à Alarobia, ces résultats sont le reflet du choix du peuple. Pourtant, pas plus loin que jeudi et vendredi, plusieurs candidats maire de la commune urbaine d'Antananarivo (CUA) sont venus à Anosy pour porter plainte sur les élections, les résultats et le processus électoral en général. Tojo Ravalomana, candidat numéro cinq ainsi que le numéro deux Tahina Razafinjoelina sont parmi les plaignants.
Avant eux, d'autres candidats venus d'autres circonscriptions dans les environs se sont déjà rués à Anosy vu que c'est le tribunal qui va publier les résultats de toute la province d'Antananarivo. À noter que même certains des candidats qui mènent la course dans leurs communes viennent au tribunal administratif afin de faire opposition aux plaintes de leurs adversaires.
Autres combats
Dans l'éventualité que le tribunal administratif s'aligne à la décision de la Ceni et proclame Harilala Ramanantsoa maire de la capitale, la patronne de la grande braderie de Madagascar aura d'ores et déjà un autre combat à mener urgemment. Comment obtenir une majorité convaincante au conseil municipal ? Telle est la question que le ou probablement la future maire devrait se pencher dès maintenant. Vu les résultats d'Alarobia et le calcul du quotient électoral, il se peut que le nombre de conseillers municipaux des listes Irmar et TIM sera serré. Il sera donc nécessaire de courtiser les élus d'autres adversaires comme ceux de la liste de Tahina Razafinjoelina qui pointent en troisième position et qui peuvent faire pencher la balance. En quatrième position et malgré le peu de conseillers qu'il aura, le mouvement Gasikara aura sûrement son mot à dire.
La légitimité reste également un chantier pour le maire entrant avec la majorité de l'électorat qui s'est abstenu. Pour rappel, le taux de participation n'atteint pas une fois de plus le seuil des cinquante pourcent. Doublé avec la désobéissance civile qui devient peu à peu la norme dans le centre-ville et ses environs, le prochain occupant de l'hôtel de ville Analakely aura forte à faire. Et c'est le moins que l'on puisse dire. Marchands de rues indisciplinés, vélo taxi qui ne veulent pas emprunter la voie carrossable et population irrespectueuse des règles d'hygiène et d'urbanisme en sont des exemples typique de cette désobéissance qui sera un des principaux défis du futur numéro un.
Ravo Andriantsalama