Une affaire de piratage informatique a touché la Ceni vers la fin de l'année dernière. Quelqu'un s'est introduit dans le site de l'organe. Jean Luce Randriamihoatra est le coupable désigné.
Une grande première dans l'histoire de la grande île. Une cyberattaque ébranle la crédibilité de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) déjà affaibli par de nombreux quiproquos liés à l'organisation des élections qui se sont tenues depuis plus d'un an. En effet, le 21 décembre dernier, la Ceni déclare que son site internet a été piraté dans le but de falsifier la sincérité du vote aux élections municipales et communales de la commune urbaine d'Antananarivo.
En tant qu'informaticien du Tiako I Madagasikara (TIM) et farouche partisan de l'ancien président Marc Ravalomana, Jean Luce Randriamihoatra est le candidat idéal pour avoir orchestré le piratage. La semaine dernière, le parquet d'Anosy l'envoie provisoirement à Antanimora en attendant son verdict. Selon les preuves recueillis par le tribunal, son intrusion est constatée lors d'une fouille de son ordinateur par les experts du parquet. Lors de cette fouille, ils ont trouvé des captures d'écran de l'intrusion de l'informaticien dans le routeur de la Ceni.
Vendredi dernier, la Ceni voulait clarifier les choses en tenant une conférence de presse à Alarobia. Ntseheno Rakotondrasoa, son Secrétaire exécutif explique que son entité employeur a engagé des experts au moment de l'intrusion pour déterminer si l'attaque existait ou non. D'après ses dires, ces experts étaient unanimes, il y avait bel et bien eu piratage du site internet de la Ceni. Et c'est à partir de là que l'institution d'Alarobia a porté plainte.
Révolte
Les leaders de l'opposition sont montés sur leurs grands chevaux pour protéger leur ami et pour dire que la Ceni, qui selon eux doit être poursuivie a porté plainte contre Jean Luce Randriamihoatra. D'un ton grave, Rina Randriamasinoro, Secrétaire général du TIM a déclaré la semaine dernière qu'il est nécessaire d'engager des auditeurs externes afin de déterminer s’il y avait piratage ou non. De son côté, la Ceni, par le biais de son Secrétaire exécutif qui a signé la plainte dit ne pas avoir porté plainte contre la personne de Jean Luce Randriamihoatra. "Je n'ai jamais signé des papiers attestant une plainte contre ce monsieur [Jean Luce Randriamihoatra], on a déposé une plainte contre X," s'exclame-t-il vendredi dernier.
Dans la même foulée, l’informaticien est également accusé d'autres chefs d'inculpation dont « une incitation à la révolte contre la compagnie nationale d’électricité et d’eau Jirama ». La raison avancée par la Procureure de la république du tribunal d'Anosy est une publication Facebook de l'intéressé qui disait "Jirama ndoza" traduit littéralement par Jirama de malheur. Une inculpation qui a choqué plus d'un. En tout cas, que l'on veuille ou non, la crédibilité de la Ceni est une nouvelle fois mise à l'épreuve. Surtout à l'aube de l'organisation de la dernière élection pour le mandat du bureau permanent de l'organe. Effectivement, la dernière danse cette année sera, les sénatoriales. Nombreux sont les sceptiques sur la bonne foi de l'institution et n'y croient plus à la sincérité des opérations électorales organisées par Alarobia. Néanmoins, la Ceni aura quoi qu'il en soit la tâche d'organiser ces élections cette année selon le calendrier électoral.
Ravo Andriantsalama