L’élection à la présidence de la Commission de l’Union Africaine s’est déroulée ce week-end à Addis-Abeba, Ethiopie en marge du 38e Sommet des chefs d’État et de gouvernement. Le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf a été élu après sept tours de scrutin.
Après un processus électoral intense avec six tours de vote, c’est finalement Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, qui a remporté la présidence de la Commission de l’Union Africaine. Il a obtenu 33 voix sur les 49 États votants. Le duel final opposait Mahmoud Ali Youssouf à l’ancien premier ministre kényan Raila Odinga. Mais ce dernier a été contraint de se retirer après le cinquième tour, conformément au règlement intérieur de l’Union.
Quant au Malgache Richard Randriamandrato, ancien ministre des affaires étrangères et des finances, il a été éliminé dès le troisième tour, après avoir obtenu seulement quelques voix. Malgré cette défaite, Madagascar a exprimé sa fierté. Le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué indiquant que cette candidature démontrait la volonté du pays à s’impliquer activement dans le développement du continent. Une première défaite donc pour la diplomatie malgache après la victoire de la grande île à la présidence de la Commission de l’océan Indien (COI) l’année dernière et l’adhésion du pays à la troïka de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Pour être élu président de la Commission de l’Union africaine, un candidat doit obtenir la majorité absolue, soit 33 voix. Lors des premiers tours, les candidats les moins bien placés étaient éliminés. C’est ainsi que Richard Randriamandrato a été écarté après le troisième tour. Pour rappel, la Commission de l’Union Africaine est composée du Président, d’un Vice-président et de six commissaires. Le Président est élu par la Conférence des chefs d’État, tandis que le Conseil exécutif élit les commissaires.
Demi-défaite
Concernant le nouveau président, Mahmoud Ali Youssouf a comme principaux défis, la gestion des conflits en République démocratique du Congo et au Soudan, la mise en place de la Zone de libre-échange continentale et le renforcement de la coopération interafricaine. Il devra aussi assurer la coordination entre les États membres sur des dossiers sensibles, tout en promouvant l’intégration africaine.
Cette défaite de l’ancien chef de la diplomatie malgache est selon certains une conséquence de l’exclusion de la candidature de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina par le président Andry Rajoelina. Pour rappel, le fondateur du parti Hery Vaovaon’i Madagasikara a déclaré l’année dernière sa volonté de briguer un mandat à la présidence de la Commission de l’Union africaine. Mais il n’a pas reçu le soutien du régime actuel. La question est donc de savoir si le président des cravates bleues aurait pu avoir plus de chance que Richard Randriamandrato au scrutin. À noter également que ce dernier, au temps de son mandat au poste de ministre des affaires étrangères a déjà été au cœur d’un scandale politique après avoir pris position sur la guerre en Ukraine lors d’une assemblée des Nations-Unies. Ce qui lui a valu un licenciement immédiat de la part de l’Etat malgache.
Malgré cette défaite, Madagascar ne rentre pas bredouille d’Addis-Abeba. Narindra Arivelo Ramananaivo est réélue à la commission africaine sur le droit international à l’Union Africaine. Elle est à la fois magistrate et docteur en droit. Elle a déjà été élue membre en 2018, mais n’a pas été réélue en 2023. Pour cette fois, elle a reçu 44 voix sur 49 sur cette dernière élection. Son mandat dure 5 ans. La commission africaine sur le droit international est l’organe consultatif juridique indépendant. Il contribue à la codification et au développement progressif du droit international sur le continent africain.
Ravo Andriantsalama