Est-ce qu’une crise, qu’importe sa nature, entraîne obligatoirement une inflation ? Dans le contexte actuel, par exemple, la plupart des ménages estiment qu’il y a une inflation provoquée par cette pandémie, par les mesures prises par l’Etat dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, en l’occurrence, le confinement qui oblige chacun à rester chez soi. Un point s’impose avec l’économiste du Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar (CREM), Rado Ratobisaona, pour éclaircir l’inflation.
Les causes ?
La définition classique de l’inflation n’est autre que la hausse généralisée des prix. Elle est due, principalement, à un déséquilibre entre la demande et l’offre. Quand la demande est trop élevée par rapport à l’offre disponible, l’inflation ne tarde pas à faire son entrée.
Mais Rado Ratobisaona nous indique qu’il peut également exister d’autres raisons. « Il y a une inflation importée quand le pays est obligé d’importer les produits demandés. A ce moment-là , la détermination des prix locaux dépendra des prix à partir desquels on a acheté les produits importés », affirme-t-il. Mais ce n’est pas tout. « Il y a aussi ce qu’on appelle l’inflation sectorielle dont l’origine est la hausse des prix des produits dans un secteur particulier, comme le pétrole, l’énergie ou le riz », poursuit-il. Mais elle peut être également le résultat de l’échec d’une politique publique. « C’est le cas, par exemple, de l’augmentation systématique des salaires. Quand elle ne va pas de pair avec la production, cela entraîne naturellement une inflation », soutient Rado Ratobisaona.
Les indicateurs
Sur la base des explications fournies par l’économiste du CREM, le premier indicateur est, bien évidemment, la flambée des prix. Le deuxième, constaté quelques temps après la hausse généralisée des prix, c’est la pénurie des produits indispensables. Et même s’il y en a, c’est excessivement cher. Le troisième indicateur qui confirme que nous sommes dans une situation inflationniste, c’est la diminution du panier des biens. « Si avant j’ai été payé à 100.000 Ar, et que maintenant c’est à 120.000 Ar, je ne peux plus me procurer des mêmes produits que j’ai achetés quand je percevais 100.000 Ar car maintenant, tout flambe », explique Rado Ratobisaona. Ce sont des indicateurs exhaustifs et successifs. À noter aussi que l’inflation concerne tout un pays. Il n’y a pas d’inflation partielle qui touche uniquement une région ou une localité.
Un retour à la normale, est-ce possible ?
« Ce n’est pas du tout envisageable », martèle Rado Ratobisaona, dans la mesure où « la baisse des prix après inflation n’incitera point la multiplication des offres ». De surcroît, les impacts disparaissent après trois à cinq ans, selon l’économiste. Quelle est donc la solution ? « Ce que doivent faire les banques centrales, c’est de maintenir les prix pendant une période bien déterminée et de faire en sorte que les prix ne fluctuent pas », conclut Rado Ratobisaona. Â
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