Wuhan, le berceau du nouveau coronavirus a été mis en quarantaine le 23 janvier 2020. La ville a entamé son déconfinement le 18 avril dernier. Rakoto Andriamirado et sa famille y habite, ce père de famille nous raconte comment il a vécu les débuts de cette crise sanitaire et comment il vit le déconfinement.
Studio Sifaka : Durant ce déconfinement, les mesures appliquées sont toutes aussi strictes ?
Rakoto Andriamirado : D’abord, des tests de diagnostic rapide ont été organisés en masse dans tous les quartiers. Avant, c’était juste réservé aux cas suspects. Ensuite, nous utilisons des QR codes. Cela permet de tracer chaque individu, de savoir où et quand il a voyagé, avec qui il est entré en contact… Où qu’on aille, le QR code est systématiquement scanné. Même devant l’immeuble où j’habite, il y a une personne qui est chargée de faire cela. Si c’est vert, tu peux circuler librement. Si c’est rouge, tu dois entrer en quarantaine car il se peut que tu sois porteur de la covid-19. Grace à cette mesure, les autorités sanitaires peuvent agir rapidement à la moindre alerte.
Studio Sifaka : Au tout début, comment avez-vous pris cette histoire de coronavirus ?
Rakoto Andriamirado : Au début, je suis resté indifférent car comme tout le monde je pensais que ça allait durer une semaine ou deux. Mais lorsque le nombre des malades et des morts a explosé, j’étais pris de frayeur et n’osais plus sortir de notre appartement. A partir de là , il fallait se protéger au maximum avec un masque mais aussi un chapeau et des lunettes.
Studio Sifaka : A quoi ressemblait votre quotidien durant la quarantaine ?
Rakoto Andriamirado : C’était insupportable. Dans les médias, il n’y avait que des infos qui alimentent la peur. En plus, on ignorait jusqu’à quand ça allait durer. Lorsque les mesures se sont endurcies, il était strictement interdit de sortir. Une vigie était installée en permanence devant notre immeuble pour s’en assurer. Pour s’approvisionner, on devait faire les commandes en ligne et c’est le quartier qui se chargeait de la livraison une fois par semaine. Les prix ont fortement grimpé aussi. Heureusement, les autorités locales nous ont donné des vivres. Et la famille à Madagascar appelle très souvent. Ce soutien moral était indispensable.
Studio Sifaka : Est-ce que la mise en quarantaine a eu un impact sur votre travail ?
Rakoto Andriamirado : Pas directement puisque je travaille en ligne. Le souci, c’est que je vis avec ma femme et notre enfant en bas âge. Les enfants ne comprennent pas forcément la situation. Ma fille ne supportait pas de rester enfermée tout le temps. Il a fallu bien organiser le travail et la vie de famille.
Studio Sifaka : Comment vous êtes-vous sentis lorsque le déconfinement a été annoncé ?
Rakoto Andriamirado : On hésitait à sortir. Mais on avait aussi hâte de voir comment c’était à l’extérieur. (Rire)
Studio Sifaka : Est-ce qu’il vous arrive de vouloir rentrer à Madagascar ?
Rakoto Andriamirado : Bien sûr. En ce moment, je veux vraiment rentrer mais les frontières sont encore fermées.