Depuis le début de cette crise sanitaire, les communautés locales qui vivent du tourisme écologique ont connu des conditions de vie précaire. Les parcs nationaux sont fermés aux touristes. Par conséquent, elles ne sont plus sensibles aux questions environnementales. En même temps, la crise laisse des brèches qui ne sont pas passées inaperçues aux yeux des trafiquants. Studio Sifaka s’est entretenu avec le Directeur général de Madagascar National Parks, Mamy Rakotoarijaona.
Studio Sifaka : Comment gérez-vous les parcs nationaux en cette période de crise sanitaire ?
Mamy Rakotoarijaona : Les parcs sont fermés aux visiteurs depuis le 23 mars, que ce soit pour les chercheurs ou pour les touristes. Par contre, les contrôles à l’intérieur des parcs continuent et ont même été renforcés parce qu’il y a plus de pressions durant le confinement.Â
Studio Sifaka : Quand vous parlez de pressions, est-ce que les VOI (communautés locales) en font partie, puisqu’il n’y a plus de retombée économique ?
Mamy Rakotoarijaona : Pas seulement les VOI, tout le monde est concerné. Je vous répondrai par deux questions : « est-ce qu’on gère la forêt en ville ou là où elle est ? Où est-ce que le besoin en bois est le plus élevé ? En voyant les failles dues à la crise sanitaire, il y a des personnes en ville qui se créent des opportunités. Ça c’est une chose mais l’autre facteur aussi, c’est que les communautés locales doivent survivre alors qu’il n’y a plus de touristes. Et puisque les habitants de la capitale ont besoin de meubles en palissandre, elles vont chercher du bois dans les parcs. Vous l’avez sûrement vu aux infos, il y a des troncs qui sont saisis sur les routes nationales. Il y en a qui viennent des parcs. Donc pour vous résumer, c’est tout un ensemble de facteurs interdépendants.
Studio Sifaka : Et quel est le sort de vos employés en ce moment ?Â
Mamy Rakotoarijaona : Notre principale activité est vraiment réduite au minimum. Nous n’assurons plus que celles qui sont prioritaires puisque ce sont les prix d’entrée dans les parcs qui devraient servir à payer le salaire et les équipements du personnel.
Studio Sifaka : Quel serait le message à faire passer pour atténuer cette pression sur les parcs ?
Mamy Rakotoarijaona : Il est très important qu’il y ait une prise de conscience individuelle et collective sur l’importance de protéger l’environnement. Ce ne sont pas seulement les communautés locales qui sont concernées. C’est nous, en ville, qui les encourageons à faire des choses illégales. Face à la pauvreté, elles exploitent les ressources des parcs pour faire de l’argent facile. Les parcs nationaux appartiennent à Madagascar et à tous les Malgaches. Soyons tous responsables.