« Si les Betsileo ont le Galeoka, les Betsimiraka ont le Betsa », lance l’orateur (mpikabary) Aina Miolampandry. Le Betsa est le breuvage qu’on sert lors des rituels traditionnels dans l’Est de l’île précise ce mpikabary, également chercheur. Rencontre avec un petit producteur de Betsa de Ranomafana Est, sur la RN2 qu’on appellera Arthur (nom d’emprunt).
A l’ombre des jaquiers
Le Betsa est obtenu à partir de la fermentation du jus de canne à sucre. La canne, Arthur la broie dans une clairière, à l’arrière de sa maison, sous des jaquiers. Pour cela, il utilise un mécanisme en métal actionné à la force des bras. Le jus ainsi obtenu est transvasé dans une grande barrique. On y incorpore le « fatraina » (écorce de bois amer) qui fera office de ferment. « Le fatraina est découpé en petits morceaux. On le met ensuite à cuire pour que les éléments sortent. Une fois que c’est cuit,on verse directement la mixture dans le jus de canne », explique Arthur. C’est le fatraina qui confère au Betsa sa couleur jaune caractéristique. Arthur indique qu’on peut aussi faire du Betsa avec du miel. Le tout est entreposé dans sa cuisine près de l’âtre. Le résultat dépend du temps de fermentation. Il lui en faut une semaine en moyenne pour avoir une cuvée. La chaleur joue un rôle important dans la confection du Betsa. Arthur explique qu’il faut plus de temps en hiver pour la fermentation. Â
Bon marché
Le Betsa est toujours de sortie à chaque rituel, à chaque réunion. « Dès que le Tangalamena (gardien des valeurs ancestrales) intervient, il y a toujours du Betsa », indique Arthur. Au-delà des évènements traditionnels, le Betsa est par ailleurs très prisé de par son goût qui n’agresse pas le palet. Comme tout alcool de fabrication artisanale, il est impossible de connaître la teneur exacte d’alcool dans le Betsa. Arthur assure toutefois que c’est largement moins fort que le rhum. L’approximation dans le taux d’alcool ne semble pas déranger les adeptes du breuvage qui est également bon marché. Chez notre fabricant, le litre s’achète en effet à 1 000 ariary.
Le Betsa s’inscrit dans l’ADN de l’Est de Madagascar. Pour plus d’authenticité, on peut le siroter dans une feuille de ravinala, comme il se fait encore dans les villages durant les rituels … mais toujours avec modération.
Tolotra Andrianalizah