Ils sont quelques-uns à Antananarivo à faire le métier de relieur-doreur, certains depuis près de six décennies. Malgré l’avènement du numérique, les supports physiques sont encore très utilisés et le seront encore. Focus sur ce métier ancien, qui n’est pas près de disparaitre.
Une enseigne jaunie par le temps où on peut lire difficilement « Aux arts de reliure », à Faravohitra, en contre-bas de l’église catholique. C’est là que travaille Léon, relieur-doreur, dont l’atelier fait partie intégrante du quartier. « Nous sommes ici depuis 1960. Nous sommes à la troisième génération de relieurs-doreurs », lance-t-il, le temps d’une pause alors que son équipe s’affaire à relier des manuels scolaires. Dans la famille, ils sont relieurs-doreurs de père en fils. « Nous sommes pratiquement tous de la même famille dans l’atelier », indique-t-il.
Exigence
En quelques mots, le relieur-doreur est un artisan qui fabrique des livres manuellement à partir de feuilles imprimées qui sont cousues entre elles. Il en conçoit également la couverture. La mention « arts » est loin d’être surfaite car dans l’atelier, ça coupe, ça coud, ça colle, ça presse et surtout ça s’applique. Bref, tout un art. La dorure en particulier consiste à apposer le titre sur la couverture mais aussi à décorer. Parmi les clients figurent d’ailleurs des gens qui personnalisent leur bible et leur livre de cantiques, en y mettant entre autres leurs noms. Léon restaure également des livres anciens.
Malgré la démocratisation de la reliure en spirale dans les échoppes de multi-service, Léon indique que nombreux clients font appel à ses talents. « Il y a des institutions, surtout publiques qui n’acceptent pas la reliure en spirale. Il y a aussi des thèses de fin d’études qui doivent être reliées de cette manière », explique-t-il. Qu’on se le dise, la reliure et la dorure à l’ancienne confère à un livre un côté authentique et solennel.
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