A Madagascar, les végétariens s'affirment depuis ces dix dernières années. Ce régime renferme plusieurs enjeux, sur la santé, sur l'économie, sur la culture mais aussi sur l’environnement. Â
Végétarien, végétalien, végan. C'est plus que de l'alimentation, c'est tout un style de vie. Ils soutiennent surtout une cause pour la préservation de la nature et de l'environnement. Dans notre entourage, on connaît au moins une ou deux proches qui sont végétariens, se nourrissant essentiellement de légumes, de fruits, de graines, d'huiles végétales, d'algues, de légumineuses et bannissent principalement la viande, y compris le poisson.
Le végétarien consomme d'autres éléments d'origine animale comme les produits laitiers et les œufs. Le lacto-végétarien exclut les œufs mais mange les produits laitiers, tandis que l'ovo-végétarien consomme des œufs et bannit les produits laitiers. Le pesco-végétarien, quant à lui, mange de la viande de poissons et les crustacés. Le végétalien est particulier. Il exclut tout produit d'origine animale, y compris les produits laitiers et les œufs.
Le végan, quant à lui ne se limite pas seulement à l’alimentation. Il choisit ses accessoires vestimentaires. Laine, fourrure, peau de crocodile, que ce soit pour les bijoux ou les sacs...tout est banni. Le véganisme naît avec le docteur Donald Watson qui a créé la Vegan society. Adoptée en 1944, c’est une doctrine qui dit que l'on doit vivre sans exploiter les animaux.
Des malgaches adeptes
Francki Andriatsilavo, est membre de CliMates Madagascar. Il est végétarien depuis trois ans déjà . Il a choisi de le devenir pour la protection de l'environnement et le climat. Selon lui, la production de viande nécessite énormément d'eau et laisse aussi une empreinte carbone énorme (15.4 kg de Co2 ou gaz à effet de serre pour un kilo de viande). " C'est aussi par principe que je ne mange pas de viande (on est ce qu'on mange) et aussi par goût personnel car déjà de base, je déteste la viande. Jusqu'ici, je le vis très bien, je me sens mieux sans viande, ce qui est dur, par contre, ce sont les moqueries et le forcing de la famille pour que je mange de la viande", fait-il remarquer.
Mais selon Narindra Malala,  consommer signifie toujours cultiver. "On est engagé donc il faut planter, cultiver pour que les ressources ne viennent pas à s'épuiser. Il faut commencer à entretenir son environnement, planter des arbres, avoir son jardin potager, même si on habite en ville, l'agriculture urbaine existe ", renchérit-elle. Â
Manger équilibré
Les avis des spécialistes sont par ailleurs diversifiés. Ce qui est soutenu, c'est que ce type de régime éloigne de toute alimentation grasse et des produits industriels. Le régime bio, sans transformation en usine est généralement bénéfique pour le corps. Les produits préservent leurs apports nutritionnels. "Un régime végétarien adéquat est bénéfique pour prévoir certaines maladies cardiovasculaires, essentiellement du fait de leur faible apport en lipides saturés ou certains cancers comme celui du colon de par leurs richesses en fibres alimentaires. Mais entamer un régime végétarien non équilibré peut conduire à des risques de carences nutritionnelles graves (protéiques, carence en fer, en calcium, etc..) s’il est mal conduit. D’autant plus que Madagascar est à forte malnutrition protéino-énergétique, avec une population à fort taux d’anémie et de carences nutritionnelles. De ce fait, on ne peut pas formuler une recommandation générale pour un régime végétarien pour la population malgache, mais plutôt traiter le régime au cas par cas", soutient un chercheur en nutrition, qui a voulu préserver son anonymat. Le plus important, c'est d'être bien informé de ses besoins nutritionnels et de bien équilibrer son alimentation que ce soit pour un végétarien ou non.
Madagascar : un pays riche en nature
"Globalement, le profil alimentaire malgache est riche en féculents (surtout riz, suivi du manioc, ..), avec un faible apport de produits laitiers et matières grasses expliquant les prévalences de la malnutrition protéino-énergetique et des carences nutritionnelles. Par ailleurs, Madagascar dispose de nombreuses ressources de rivières, les poissons faisant partie des principales sources non négligeables de protéines animales dans le profil alimentaire. Cependant, le profil est essentiellement constitué d’apport protéique d’origine végétale (légumineuses, feuilles vertes, …)", détaille un chercheur en nutrition. Cela s'ajoute au fait que Madagascar fa partie des principales destinations des végétariens.
Le plat principal et traditionnel est le riz, avec du mets en accompagnement, ce qui peut être du végétal pour le végétarien. Il suffit de personnaliser la sauce : oignons et tomate, ail et gingembre, lait de coco, curcuma etc. L’ achard n’est pas en reste : tomates, salade, carottes, laitue, .... Ou aussi du bon bouilli. La cuisine locale est très riche ; des fruits de saisons, en confiture, fruits séchés, fruits frits, sucrés ou salés. Tout végétarien à la recherche de bonne saveur peut satisfaire sa gourmandise. Â