Malgré une pénétration encore faible d’internet à Madagascar, la consommation de musique dans le pays ne peut échapper à la tendance du streaming. Les solutions existent et commencent à donner leurs fruits selon Ranto Razafitrimo de Nudacy Records.
La consommation de musique a connu une révolution majeure avec la démocratisation d’internet dans les années 2000. La dématérialisation a pris le pas sur le support physique qu’est le CD, lui-même ayant détrôné la cassette avant lui. La prolifération des téléchargements illégaux a causé la baisse des ventes des CD, obligeant l’industrie à s’adapter. C’est ainsi que les plateformes de streaming comme Deezer et Spotify ont vu le jour et ont complètement révolutionné la consommation de musique. Les revenus du streaming ont dépassé depuis quelques années les ventes physiques.
Madagascar n’est pas en reste. Certes la pénétration d’internet est encore faible (13,59% en 2021 selon Artec), mais les artistes malgaches ont pris la mesure du streaming grâce à l’apparition de label de distribution comme Nudacy Records. Ranto Razafitrimo, le « Beranto » du groupe Ambondrona, est un responsable du label. Il explique le fonctionnement. « Les plateformes de diffusion n’entre pas directement en contact avec les artistes parce qu’il leur serait difficile de gérer au cas par cas. Elles passent par des labels de distribution. C’est à ce niveau que les artistes contractent », avance-t-il. Il ajoute que pour l’heure, il n’existe pas encore de plateforme de diffusion locale, faute de contenu. « Il y a eu des essais mais les promoteurs ont eu du mal avec le contenu. Pour avoir une plateforme, il faut un catalogue bien fourni ». Ranto Razafitrimo indique que le label Nudacy Records regroupe plusieurs artistes qui font différents types de musique. « Je ne peux dire exactement combien d’artistes nous avons là tout de suite car certains n’envoient qu’une ou deux chansons. D’autres, c’est leurs albums qu’ils proposent », déclare-t-il.
Cout d’accès à internet
D’une manière générale, les plateformes fonctionnent soit par abonnement soit par insertion de publicité entre les lectures pour les versions gratuites. Les artistes sont rémunérés sous forme de royalties. Ranto Razafitrimo explique que cela dépend de la performance de leurs chansons mais aussi du modèle économique de chaque plateforme. « Les artistes qui gagnent de l’argent font beaucoup de travail au niveau de la communication », indique-t-il. D’un autre côté, Ranto Razafitrimo estime qu’il est plus facile de pirater les CD que le streaming grâce au code ISRC (International Standard Recording Code) qui agit comme une carte d’identité pour chaque chanson. Le responsable de Nudacy Records d’ajouter que le streaming permet aux artistes d’économiser dans la distribution de leurs produits. « Cela réduit considérablement les couts car il n’est plus question ni de CD ni de boitier ni de logistique », indique-t-il en ajoutant que c’est une voie obligée dans les années à venir. « Les lecteurs de CD disparaissent progressivement de notre quotidien. Nous le disons souvent au public qui vient à nos concerts surtout dans les zones rurales ».
Côté consommateurs, Ranto Razafitrimo indique que le streaming présente des avantages dans la mesure où il permet de ne pas stocker les chansons ni dans le téléphone ni dans un disque dur. « Tout est dans le cloud. Une fois qu’une chanson est téléchargée via un compte, elle est accessible même hors ligne », explique-t-il. Il souligne toutefois que le prix élevé de la connexion à Madagascar constitue encore un frein au développement de ce mode de consommation de la musique. Quoi qu’il en soit, l’existence de plateformes locales pourrait inciter les opérateurs à inclure les services de streaming dans les forfaits. Néanmoins, Ranto Razafitrimo affirme qu’il y a des artistes au sein de son label qui gagnent plus que du temps des CD. Si les revenus proviennent en majorité des consommateurs à l’étranger, de nombreux malgaches qui habitent Madagascar ont des comptes sur les principales plateformes. Ranto Razafitrimo parle surtout de Spotify mais aussi de Apple Music.
Tolotra Andrianalizah