Proposer des logements dignes dans les quartiers défavorisés de la capitale. Telle est la mission que s’est donnée l’association Fonenana mendrika à travers le projet un Logement digne pour toutes et tous.
Anosibe abrite les fokontany parmi les plus défavorisés d’Antananarivo. En s’enfonçant dans les dédalles de ruelles insalubres, on retrouve le cliché typique des bas-quartiers où les habitations précaires, essentiellement des cases en bois, en tôle ou en plastique, côtoient en permanence les eaux usées et les ordures. Les systèmes d’assainissement sont quasi absents dans cette zone où se déversent pourtant les eaux usées, évidemment non traitées, des quartiers en amont. La vue des habitations accentue l’impression de pauvreté qui règne en maitre sur les lieux.
C’est au milieu de toute cette misère qu’au détour d’un chemin, on peut tomber dans un des quatre mini quartiers reconstruits dans le cadre du projet un Logement digne pour toutes et tous ou LD2T. Le plus bluffant est celui de Fiorenantsoa, appelé auparavant « quartier pneus », car les gens devaient marcher sur des pneus pour ne pas avoir les pieds dans l’eau. Tout le mini quartier est sur pilotis pour éviter les inondations, un lot quotidien en saison de pluies. L’endroit est surtout propre et coloré avec en prime des jardins potagers urbains. Le contraste avec les alentours est saisissant.
Marie Jeanne, une habitante d’un autre mini quartier baptisé Fanomezantsoa savoure les changements apportés par le projet. « C’est comme si nous sommes actuellement dans un rêve quand nous pensons à l’endroit où nous vivions auparavant. Nous étions dans une maisonnette en bois au milieu des eaux usées », indique-t-elle.
Changement de comportement
Le secret de LD2T ? L’approche participative. « J’ai l’habitude de dire aux bénéficiaires qu’ils sont les ingénieurs de leur quartier mais pas nous. Ils ont leurs aspirations pour leur lieu de vie. Il faut valoriser cela. Ce sont leurs idées qu’on transcrit en 3D. Quand la conception vient des bénéficiaires, ils sont plus enclins à prendre leur responsabilité pour la réaliser parce que cela crée un sentiment d’appartenance vis-à -vis du projet », explique la coordonnatrice du projet Haingo Razafimahefa. Concrètement, ce sont les habitants qui approchent l’association Fonenana mendrika. Une fois qu’un chantier est validé, les habitants doivent s’engager à constituer une épargne selon leur possibilité pour supporter une partie des travaux, auxquels ils participent également. « Nous avons fait des efforts parce que nous voulions améliorer notre vie. Nous avons versé régulièrement de l’argent auprès de l’OTIV (une institution d’épargne) en suivant à la lettre les instructions du projet », partage Marie Jeanne.
Si le logement est le point central de LD2T, Haingo Razafimahefa souligne que parvenir à un changement de comportement chez les bénéficiaires constitue un défi pour le projet. « Pour parvenir à un changement de comportement, il faut conscientiser et responsabiliser », indique la coordonnatrice qui écarte toute velléité d’éduquer les gens. « Nous ne sommes pas là pour éduquer mais pour conseiller et accompagner, pour faire germer des idées ».
Le projet bénéficie directement à 171 familles qui ont vu leur habitation reconstruite. Au-delà de la construction des maisons, LD2T aménage également les ruelles et installe des lampadaires solaires toujours suivant l’approche participative.
Tolotra Andrianalizah