En 2016, à travers son premier opus « Madagascar », Landy Cathia Razanadranto alias Caylah a largement influencé les jeunes grâce à son texte « clair, direct et lourd de sens ». Aujourd’hui, grâce à son talent, la slameuse de 25 ans s’est forgé une carrière internationale, mais est aussi connue pour son engagement citoyen « pour une société plus juste ».
Pour Caylah, « Madagascar est riche d’une jeunesse qui, à travers leurs différences et leurs actions, peuvent apporter le changement tant attendu. À partir de rien, on peut arriver à faire de grandes choses. Mais c’est aux jeunes de réellement vouloir ce changement, et de le créer ». À l’origine du concept « Slamothérapie », une des nombreuses facettes de la musicothérapie, Caylah use de ses mots pour soigner les maux.
« La Slamothérapie »
« Je suis partie du constat que pour qu’un changement opère au sein de notre société, il faut y contribuer. Et l’engagement citoyen est une des nombreuses manières de le faire », explique cette jeune artiste. Pour elle, c’est le slam qui lui a permis de véhiculer ce changement en conscientisant le public sur ce qui se passe et que personne ne voit ou ne veut voir. « C’est une des manières de transformer le négatif en positif », ajoute-t-elle.
À travers son concept, « la Slamothérapie », elle s’implique auprès de jeunes victimes de viol, mères précoces, jeunes de la rue, ou jeunes incarcérés. Il s’agit d’une thérapie par les mots afin d’aider ces sujets à comprendre leurs maux pour en guérir. Mais son art lui a aussi permis de conscientiser les autres sur des causes qui en valent la peine comme la protection de l’enfance (ambassadrice des enfants auprès de la plateforme de la société civile pour l’enfance), la violence basée sur le genre (avec l’UNFPA) ou l’incitation des enfants à poursuivre leurs études (avec l’UNICEF).
Chacun, à son échelle, peut contribuer au développement du pays
« C’est quoi le slam engagé ? Une question récurrente qui me revient souvent. Il s’agit d’un engagement citoyen envers la société, parce que je pense et je suis convaincue que chacun a son lot à apporter au pays ». Selon Caylah, les jeunes ne prennent pas au sérieux le fait que la jeunesse représente l’avenir du pays, et pourtant c’est le cas. « Si aujourd’hui on ne prend pas nos responsabilités, qui va le faire à notre place ? », lance-t-elle.
Pour Caylah, c’est aux jeunes de bâtir ce que sera leur monde de demain et ce qu’ils voudront laisser à la génération suivante. « Nos aînés ont déjà presque terminé leur parcours, c’est maintenant à nous de poursuivre. Certes, les plateformes manquent pour que nous puissions nous exprimer, mais prendre son engagement citoyen ne nécessite pas un statut ou une situation précise», indique-t-elle, poursuivant que « même dans la situation actuelle, le fait de se protéger constitue déjà un engagement citoyen. En se protégeant, on protège déjà les autres ».
Un message pour la jeunesse actuelle ?
« À partir de rien, on peut bâtir de grandes choses. Cette période de crise causée par la covid-19 est, par exemple, loin d’être seulement une mauvaise passe. Les jeunes ont des idées, une richesse qui mérite et se doit d’être exploitée. Et cette “pause” covid-19 est peut-être le moment de creuser cela pour en faire quelque chose de positif et d’enrichissant.»