Un nom revient souvent dans les concours d’article journaliste parmi les lauréats ces dernières années : Elise Nandrasanela. Récemment, elle s’est adjugée le deuxième prix du « Grand prix Malina du journalisme d’investigation 2021 » de la Transparency International – Initiative Madagascar pour « Tosika Fameno: Népotisme et Corruption généralisée dans la distribution des aides d'urgence ». Rien ne prédestinait cette jeune femme à devenir la journaliste qu’elle est aujourd’hui. Portrait.
C’est en 2010 qu’Elise Nandrasanela a fait ses premiers pas dans le journalisme, un peu par hasard, alors qu’elle faisait des études de droit. Au départ stagiaire dans une station de radio, elle a débuté comme présentatrice du journal avant de se lancer dans le grand bain en se proposant pour des reportages toujours pour la radio. C’est sur le tas qu’elle a appris les rouages d’un métier qui l’a séduite. « Ce que j’aimais à l’époque, c’est que je voyais dans le journalisme des cas pratiques de droit. Déjà quand j’étudiais encore, les divers articles m’aidaient à comprendre mes cours. Puis mon background en droit me facilitait souvent la compréhension des faits », explique Elise Nandrasanela.
Foza
Mais ses premiers pas sur le terrain ne furent pas de tout repos. « On me taxait de « foza » (usurpateur dans le jargon des journalistes malgaches) au départ car j’étais longtemps restée dans le studio. Il me fallait tout le temps me justifier auprès des sources. Ce n’était pas facile de trouver des informations », indique-t-elle. Seulement, Elise Nandrasanela était décidée à exceller dans le métier. Une fois sa maitrise de droit en poche, elle a décidé s’attaquer à un autre défi : la presse écrite. Son envie de s’améliorer l’a conduite à intégrer la troisième promotion de la Formation des journalistes, un programme de la Fondation Friedrich Ebert, en 2014. « Je me suis dite que si je veux grandir en tant que journaliste, je devais suivre une formation. J’ai saisi l’occasion ». C’est là qu’elle a découvert le journalisme d’investigation. C’est le début pour elle d’une longue série de formations diverses qui se poursuit d’ailleurs aujourd’hui. « Je voulais toujours me perfectionner dans ce je faisais », lance-t-elle.
Le chinois
Perfectionniste. C’est justement le premier mot qu’un de ses anciens rédacteurs en chef, Laza Marovola, a eu en tête pour la décrire. « Elle avait toujours ce besoin de faire les choses bien », se rappelle-t-il. Il se souvient aussi d’une jeune femme discrète et très professionnelle. « C’est facile de travailler avec elle. Elle suivait les conseils et se débrouillait très bien par la suite », poursuit-il. L’évolution d’Elise Nandrasanela était perceptible dans ses écrits. L’un de ses premiers grands coups était un reportage qu’elle avait effectué sur un litige foncier impliquant des chinois en 2015. Si les autres journalistes s’étaient cantonnés à la version de la partie malgache, Elise Nandrasanaela, forte des cours de chinois qu’elle commençait à prendre une année plus tôt, dont beaucoup en autodidacte, elle avait interviewé les chinois dans leur langue pour avoir leur version. « J’estimais à l’époque qu’il me fallait l’autre version, donc je suis allée vers eux », raconte-t-elle. Ce professionnalisme, Nadia Raonimanalina, son binôme pour le magazine Malina de la Transprency International – Initiative Madagascar, n’a pas manqué de le souligner. Cette dernière décrit également une personne au grand cÅ“ur.  Â
Cette boulimique de savoir et de connaissances se prépare actuellement à suivre une formation sur les flux financiers illicites prodiguée par la Fondation Thomson Reuters. « J’en ai besoin pour mes investigations sur la corruption », souligne-t-elle. Sinon, elle a été choisie pour intégrer le programme MédiaLab de CFI, l’agence française de développement des médias. Elise Nadrasanela est un exemple pour les jeunes journalistes pour sa persévérance et sa volonté de toujours s’améliorer.
Son palmarès :
2017 : 3ème prix CFI sur la corruption dans le secteur énergie
2018 : 1er prix ambassade de Chine sur la coorpération sino-malagasy
2019 : 1er prix ECES sur la violence basée sur le genre
2020 : 3ème prix fondation Merck sur la sensibilisation contre la COVID-19
2020 : 2ème prix Malina sur la corruption dans la santé publique
2020 : 2ème prix Malina sur le Tosika Fameno
Tolotra Andrianalizah