L’association Transparency International – Initiative Madagascar publie les premiers résultats de son suivi citoyen des financements et des dépenses de campagne pour l’élection présidentielle de 2023.Â
La présidentielle de 2023 suit la tendance des élections de 2013 et de 2018 à en croire le suivi citoyen des financements et des dépenses de campagne réalisé par Transparency International – Initiative Madagascar (TI-IM). L’association a publié les premiers résultats qui couvrent la période du 10 octobre, date de l’ouverture de la campagne, au 28 octobre. Les chiffres sont ahurissants. En un peu plus de deux semaines, le candidat numéro 3 Andry Rajoelina a dépensé plus de 3.2 milliards d’ariary tandis que le candidat numéro 13 Siteny Randrianasoloniaiko en a dépensé 2.9 milliards. Et encore, TI-IM a été « sage » dans ses estimations. L’association a pris en compte, à minima, les moyens mis en œuvre par chaque candidat qui ont entamé leur campagne. Elle a estimé le cout suivant les prix sur le marché en s’intéressant uniquement aux évènements où les candidats étaient et à la distribution de T-shirts. Le cachet des artistes n’étaient pas encore pris en compte ni les manifestations en parallèle. Un poste de dépenses tout ussi important d’après l’association.
La réponse de Lalatiana RakotondrazafyÂ
Les résultats mettent également en avant la grande différence qu’il y a entre les candidats au niveau des moyens mis en Å“uvre pour cette campagne. Dans ce sens, les sommes engagés par le candidat numéro 11 Sendrison Daniela Raderanirina semblent dérisoires devant l’orgie financière de Rajoelina et de Randrianasoloniaiko lui qui n’aurait pas dépassé les 30 millions d’ariary jusqu’ici. Pas de voie des airs pour Sendrison Daniela Raderanirina d’après les observations réalisées par TI-IM contrairement à ses adversaires sur le terrain qui ont à leurs actifs hélicoptère et avions privés. La directrice exécutive de TI-IM Ketakandriana Rafitoson déplore ainsi l’inégalité des chances entre les candidats qui d’après elle, fausse l’élection proprement dite. Dans ce sens, elle a appelé à ce que les propriétaires de chaines de télévision révisent leurs tarifs au nom de la conscience citoyenne. Ketakandriana Rafitoson de rappeler que la société civile a à plusieurs reprises plaidé pour un plafonnement des fonds de campagne mais que toutes les tentatives ont été mises sous silence. Par ailleurs, Ketakandriana Rafitoson ramène le débat sur la capture de l’Etat à l’issue de l’élection en rappelant l’importance de la transparence sur l’origine des fonds utilisés. « D’où vient tout cet argent ? », lance-t-elle.  Â
La réponse du parti Freedom qui soutient le candidat numéro 3 ne s'est pas faite attendre. La formation politique met en doute la crédibilité des résultats dénonçant l'amateurisme et un parti pris de la part de TI-IM. Dans un communiqué, le Freedom démonte un à un les « affirmations » de l'association. Il est à noter qu'en plus des dépenses de campagne, TI-IM a également soulevé plusieurs points concernant le processus électoral en évoquant entre autres des cas de corruption électorale et une supposée impartialité de la Commission électorale nationale indépendante. « Force est de conclure que la directrice de TI-IM a perdu toute objectivité et rigueur, il est regrettable de constater qu'elle ne peut user que de raccourcis et d'approximations comme seule méthode de travail », peut-on lire dans le communiqué signé par la présidente du parti Lalatiana Rakotondrazafy.Â
Quoiqu'il en soit, à l’issue de la présidentielle de 2013, une étude avait déjà montré que chaque voix gagnée aurait couté 21 dollars soit deux fois plus que lors de la présidentielle américaine de 2016. 2018 aura été du même acabit. La prochaine publication de TI-IM est attendue vers la fin de la période de campagne.Â
Tolotra Andrianalizah