Les échanges ont été tendus entre Andry Rajoelina et Siteny Randrianasoloniaiko. Le candidat Sendrison Daniela Raderanirina a essayé d’exister entre les deux.
Le débat dans le cadre du premier tour de la présidentielle était attendu. Le président sortant Andry Rajoelina qui avait toujours refusé de partager une tribune avec les autres candidats, notamment ceux du collectif dont faisait partie l’un de ses adversaires du soir Siteny Randrianasoloniaiko, était obligé de jouer le jeu du processus électoral. Un processus électoral qu’il aura défendu bec et ongle pratiquement envers et contre tous.  Â
Le hasard fait bien les choses. Les candidats ont été placés selon leur numéro au tirage au sort. Le candidat numéro 11 Sendrison Daniela Raderanirina se retrouvait ainsi au milieu du candidat numéro 3 Andry Rajoelina et le candidat numéro 13 Siteny Randrianasoloniaiko. Ils avaient chacun 45 minutes de temps de parole. Les explications réclamées par Siteny Randrianasoloniaiko lors de son dernier meeting avec le collectif des candidats allaient avoir lieu.
Au ras des pâquerettes
Le ton est donné d’entrée avec la question d’actualité avec laquelle les modérateurs ont choisi de débuter le débat. Andry Rajoelina lance les hostilités en fustigeant les velléités du collectif des candidats d’aller vers une transition. « C’est dans l’intérêt des candidats de demander une transition au détriment de la population. Si les discussions tournent autour de la dissolution de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) et la HCC (Haute cour constitutionnelle), je ne suis pas d’accord ». Siteny Randrianasoloniaiko a profité du moment pour expliquer sa décision de faire campagne et d’aller jusqu’à l’élection. Il affirme ainsi être toujours avec le collectif et maintient, comme le collectif, que le dialogue est la seule issue pour sortir le pays de la crise actuelle et d’éviter que celle-ci ne s’embrase. « J’ai dit au collectif, et ce n’est pas un secret (…) que je ne peux pas laisser Andry Rajoelina seul sur le tatami », lance-t-il, faisant allusion à son passé de judoka et au passé de karatéka du président sortant. Â
S’en suivent des diatribes entre les deux protagonistes à chacune des questions préparées par les modérateurs qui, à un certain moment, avaient du mal à reprendre le contrôle. D’un côté Siteny Randrianasoloniaiko qui attaque le président sortant sur son bilan notamment concernant la vanille et ses promesses non tenues et de l’autre Andry Rajoelina qui affirme que son adversaire n’avait pas de programme, allant jusqu’à dire que celui-ci abaissait le débat au ras des pâquerettes. Â
Candidat numéro 11
Côté programme, les citoyens sont finalement restés sur leur faim à l’image de la question sur la santé et l’éducation que les candidats ont survolé vers la fin du débat. Andry Rajoelina a plus défendu son bilan à coup de chiffres et d’infrastructures, misant sur la continuité de ce qu’il a réalisé au cours de son mandat. Il indique toutefois vouloir insister sur l’industrialisation et l’agriculture pour la suite, en avançant la mise en place de mesures incitatives entre autres. Pour sa part Siteny Randrianasoloniaiko ne jure que par la décentralisation, son principal cheval de bataille. Il entend donner plus de latitude aux collectivités territoriales décentralisées en leur donnant les moyens mais aussi la responsabilité de mener leur propre développement.   Â
Et Sendrison Daniela Raderanirina dans tout cela ? Le candidat numéro 11 a profité de la publicité finalement offerte par le duel de ses adversaires pour esquisser vaguement un programme qui s’appuie sur la productivité des malgaches. « Durant les deux premières années de mon mandat, je concentrerais mes efforts pour que la population puisse produire », lance-t-il. Prenant exemple sur les échanges musclés entre Andry Rajoelina et Siteny Randrianasoloniaiko, il se veut incarner le renouveau de la classe politique actuelle qui d'après lui relègue au second rang les réels problèmes de la population.
Ils ont dit :
Andry Rajoelina : « Si nous suivons les réformes préconisées par la Banque mondiale, Madagascar gagnera 4 points de croissance en deux ans pour atteindre 8% de croissance »
Sendrison Daniela Raderanirina : « Je ne vais pas faire la course au km réalisés, mais réaliser des routes là où la population en émet le besoin ».
Siteny Randrianasoloniaiko : « Si j’étais président je prendrai exemple sur les pays européens. Je démantèlerai le Bianco (Bureau indépendant anti-corruption) et le PAC (Pôle anti-corruption), et aucun politicien ne pourra plus intervenir dans les affaires judiciaires ».
Tolotra Andrianalizah