Recouper et vérifier les informations ont toujours été un chemin de croix pour les journalistes. C’est d’autant plus difficile en cette période d’urgence sanitaire où l’information tient une place importante.
« Une information sélective ne permet pas aux citoyens de prendre des décisions qui s’imposent », lance le président de l’Ordre des journalistes de Madagascar (OJM), Gérard Rakotonirina. « Je ne comprends pas pourquoi on ne donne pas les infos. C’est un droit citoyen », renchérit-il, en soulignant que lorsque les informations ne sont ni vérifiées, ni recoupées, cela favorise les rumeurs. Le journaliste, Velo Ghislain, confirme ce côté hermétique des sources officielles en cette période de covid-19. « Au cours des 6 derniers mois, je n’ai pu avoir le président du centre de commandant opérationnel que 2 ou 3 fois », fait-il savoir. Pourtant, d’après lui, personne n’ose s’exprimer dès qu’il s’agit de l’épidémie. « Mes interlocuteurs me disent souvent qu’ils ne peuvent pas parler ou qu’il leur faut d’abord une autorisation de leurs supérieurs. Et lorsqu’ils daignent répondre, j’ai droit à des réponses bateau. On a rarement des détails qui intéressent vraiment le public », ajoute-t-il.
Loi sur l’accès à l’information
Miangaly Ralitera, une journaliste qui traite des faits de société, donc en première ligne dans cette épidémie se plaint également de cette situation. « « Il nous est expressément interdit de parler à la presse ». J’entends souvent cela lorsque je fais des reportages dans des centres de santé ou des écoles publiques », indique-t-elle en ajoutant que pour avoir des informations hors de la communication officielle, il lui faut approcher des personnes avec qui elle a des affinités. « Mais c’est souvent sous couvert d’anonymat », précise-t-elle, en insistant sur les difficultés du recoupement des informations reçues au niveau des supérieurs. Rado Randriamampandry, journaliste économique, pointe du doigt le côté carriériste dans l’administration. « Je recueille des informations des gens proches des dossiers qui veulent jouer la transparence. Mais il est difficile de faire parler les cadres », lance-t-il.
Pour Gérard Rakotonirina, la loi sur l’accès à l’information devrait être une priorité. « C’est une question de redevabilité à l’égard des citoyens », conclut-il. La loi est encore actuellement au stade d’avant-projet de loi.