Dans sa fameuse chanson, Henri Ratsimbazafy dépeint la case en « falafa » (palmier) comme un nid d’amour. Sans doute du fait qu’on y est au chaud pendant la saison hivernale ; et qu’en été, à l’ombre des palmiers et des ravinala, les « trano falafa » offrent toujours une fraîcheur. Â
Érigées en flanc de colline, à l’abri du vent et de la chaleur grâce aux arbres, les cases en falafa font la particularité de l’Est de Madagascar. Sans être dotées du confort de vie moderne des constructions modernes, ces maisons — qu’on peut classer d’« écologiques » — offrent pour ceux qui les occupent la chaleur nécessaire en hiver et la fraîcheur en été.
Une construction « écologique »Â
Généralement dressées au cœur d’une clairière, sur le « faux plat » d’un versant, ces maisons répondent parfaitement aux critères d’une maison écologique. Construites à base de matériaux naturels qu’on peut trouver dans la forêt, ces cases épousent parfaitement leur environnement. A 80 %, la construction de ces habitations se fait à partir du Ravinala ou « l’arbre du voyageur ».
Elles se suspendent à quelques centimètres du sol par des pilotis en tronc de ravinala, laissant ainsi ruisseler l’eau de pluie facilement. Une fois séchées, rattachées et collées ensemble de sorte à ne pas laisser de vide, les tiges de ravinala ou « fontsy » forment les murs. Les feuillages, ou « ravim-pontsy » sont rattachés à des liteaux en tige de « kininina » ou eucalyptus pour former la toiture. Ceux-ci sont maintenus en place par des « tezamaty » en guise de piliers. Les « tezamaty »,  sont des troncs d’arbres qui ont été ensevelis dans l’eau pendant des années, sont réputés pour leur durabilité.
Un côté culturel et économique
Pour les Betsimisaraka, le Falafa est quelque part inscrit dans la culture. Le savoir-faire pour la construction de ces cases se transmet de père en fils depuis des siècles. « Une fois adultes, les fils construisent leurs cases à quelques pas de la maison familiale. C’est ainsi que se forment au fil du temps les petits villages au cœur des forêts de l’Est », explique Michel, Tangalamena du village de Vohitamboro, sur la RN5.
Économique, la construction d’une case en falafa ne nécessite pas des milliers d’Ariary. Les matériaux sont cueillis dans la forêt juste à côté, même les cordages pour assembler la maison sont issus des écorces d’eucalyptus et des fibres de Ravinala. Une fois tous les matériaux réunis, la construction d’une case en falafa ne prend pas plus de deux semaines. Après la saison cyclonique, les villageois n’ont ainsi que peu de mal pour reconstruire leurs cases.
Aujourd’hui, les maisons en dur et chalets en bois ont pris le devant dans l’est de l’île, surtout dans les localités bordant les routes nationales. Les habitations en falafa restent cependant maître des lieux au cœur des forêts.