La guerre de tranchée entre la Commune urbaine d’Antananarivo et les taxis-motos se poursuit. Malgré une opération coup de poing menée il y a quelques jours, les deux-roues clandestins continuent de proposer leur service. Certains tendent même à se professionnaliser.
Le taxi-moto, ce mode de transport alternatif qui a connu un boom durant le confinement reste illégal aux yeux de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA). Les bérets jaunes sont toujours à l’affût. S’il est difficile de prouver qu’une moto en double montée est un taxi-moto, la CUA fait appel aux indics pour identifier les contrevenants. L’addition est salée pour ces derniers. 10 jours de fourrière soit la sanction maximale pour exercice illégal d’une activité de transport. « Généralement, ce sont les taxis qui nous balancent », indique un taxi-moto et garçon de parking à Analakely. « J’ai également entendu qu’ils font appel à de faux-clients pour nous épingler. C’est pour cela que je ne dis jamais que je fais du taxi-moto. Je me méfie beaucoup ». Un autre taxi-moto du côté d’Andravoahangy cache son bolide dans une ruelle pour ne pas attirer l’attention. Il scrute les passants pour identifier les éventuels clients. « C’est obligé. Les gars de la commune ne plaisantent pas », lance-t-il en affirmant ne pas avoir le choix.
Gagne-pain
Le taxi-moto est un mode de transport qui n’est pas prêt de disparaître aussi bien dans l’offre que dans la demande au vu de la réalité sur le terrain. De plus en plus de jeunes hommes en font leur gagne-pain. « C’est une source de revenu sur laquelle je ne cracherais pas. Personnellement, je suis prêt à me formaliser dans ce métier », indique le taxi-moto d’Andravoahangy. Mêmes arguments pour le gars à Analakely qui entend rentabiliser l’acquisition de son scooter. « C’est une manne en ces temps durs », résume-t-il. Malgré le côté informel, certains taxis-motos essaient de proposer un service de qualité. Une petite carte de visite avec le numéro de téléphone, une tenue soignée, une attention particulière à la conduite et au confort du passager … « Une fois, la pluie est tombée. Le conducteur a ouvert son top-case et a sorti imperméable pour moi », indique un client qui avoue ne pas s’y attendre.
Plus rapide et largement moins cher qu’un taxi traditionnel, le taxi-moto a ses adeptes. Avec les embouteillages qui semblent s’intensifier de jour en jour, des Tananariviens ne jurent plus que par ces deux-roues même si le danger est réel. Se faufilant entre les voitures ou roulant à tombeau ouvert dès que la route se dégagent, de véritables fous du guidon figurent parmi les taxis-motos. C’est d’ailleurs l’un des arguments qui poussent la CUA à maintenir l’interdiction de ce mode de transport.