L’Union internationale de conservation de la nature (UICN) a rendu publique sa liste rouge, l’inventaire mondial de l’état de conservation des espèces végétales et animales, le 4 septembre dernier. Les spécialistes parlent d’un effondrement de la biodiversité. Madagascar n’est pas mieux loti. Dans la configuration actuelle, le pire serait encore à venir …
En danger critique (CR). Voilà le statut UICN du plus grand des Sifakas, le Propithèque à diadème. Sur l’échelle de l’Union internationale de conservation de la nature, le Propithèque à diadème n’est plus qu’à un niveau d’être considéré comme espèce éteinte. Il n’est qu’un exemple parmi tant d’autres à Madagascar, surtout en ce qui concerne les lémuriens. Presque la totalité des espèces malgaches connaissent une aggravation de leur statut. « C’est normal. On assiste actuellement à une destruction continue du milieu naturel, lance le primatologue Pr Jonah Ratsimbazafy. Nous n’avons plus actuellement que 10% de nos forêts naturelles. Avec un rythme de 35.000 ha détruits par an, nous n’aurons plus de forêt naturelle dans 35 ans. En 2020, 100.000 ha de forêt ont disparus ».
Espèces parapluies
Notre interlocuteur souligne le cas des lémuriens. « La tendance destructrice touchant les primates s’est particulièrement accélérée ces dernières années », indique-t-il, en faisant savoir que plus de 90% sont actuellement menacés, un triste record pour la Grande île. Le primatologue de rappeler qu’un grand nombre de ces espèces sont endémiques. « Ces espèces risquent tout simplement de disparaître d’ici quelques années. On voit cela partout. Les activités de l’Homme exercent une pression directe sur l’habitat de ces animaux », explique-t-il, en précisant que les lois existent mais qu’elles ne sont pas appliquées.
Par ailleurs, il attire l’attention sur la pauvreté qui contribue grandement à cette tendance destructrice. La dépendance de la population à la forêt est encore trop élevée. Pour lui, la pauvreté constitue une cause indirecte à la situation qui prévaut actuellement. Comme solution, il préconise ainsi une alternative à cette pauvreté aux côté de l’éducation et de la sensibilisation. La promotion de l’écotourisme, pour lui, est une piste intéressante pour protéger ce qui reste. En ce sens, il indique que les lémuriens constituent des « espèces parapluies » par excellence. « En protégeant les lémuriens, on protège d’autres espèces grâce à la préservation de leur habitat », précise-t-il. Il est également d’avis que les lois doivent être renforcées et surtout appliquées.Â
La mise à jour de la liste rouge de l’UICN fait état de 28% d’espèces menacées dans le monde. Pour le Pr Jonah Ratsimbazafy, cette liste est un signal d’alerte qu’il faut prendre en compte pour ne pas à avoir à le regretter.
Tolotra Andrianalizah