Si les feux de brousse sont pratiquement saisonniers dans le pays, la migration interne s’est ajoutée à l’échiquier depuis quelques années, soulignant la nécessité pour Madagascar de se doter d’une politique allant dans ce sens.
À quelques jours de la COP26, les feux de brousse sont là pour rappeler la nécessité d’agir pour l’environnement mais surtout des causes de sa destruction. Le directeur général de la gouvernance environnementale au sein du ministère de l’Environnement, Jean Noel Rakotoarisoa, a évoqué la migration interne parmi les explications des feux de brousse autour et dans le parc d’Ankarafantsika. Les autorités sont visiblement prises de court par les déplacements de population qui se sont accrus ces dernières années à cause des impacts du changement climatique dans le sud.
La migration interne n’est pourtant pas nouvelle. Si l’on a tendance à penser immédiatement à l’exode rural, une étude appuyée par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), datant de 2019, fait savoir que la migration à Madagascar est majoritairement du rural vers le rural. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer actuellement avec le déplacement des populations du sud qui fuient la sècheresse. Un document disponible sur le site du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (OHCHR) précise qu’« à Madagascar, les populations se déplacent des zones du Sud vers des zones plus humide permettant l’accès à l’eau, aux forêts et à des terrains agricoles pour cultures sur brulis et riziculture irriguée ». Le document confirme que ces déplacements détruisent massivement l’environnement et présentent un risque de conflits sociaux.
Menace pour la paix
La situation met surtout en avant l’absence de politique de migration interne dans le pays, un vide souligné par le président du Comité Fihavanana Malagasy, Alphonse Maka, dans une interview récemment accordée au Studio Sifaka. Il évoque les difficultés qui peuvent découler des déplacements dans le maintien de la paix avec les tensions ethniques qui peuvent apparaître entre les migrants et les communautés hôtes. Le document de l’OHCHR est formel. Il est dit que l’Etat « est largement dépassé et ne dispose pas d’une capacité de prévention, d’organisation et de gestion des conséquences et des effets négatifs générés par les migrations. Il n’y a pas de politique de migration interne ».
Dans son « Cadre de politique migratoire pour l’Afrique et plan d’action 2030 », l’Union Africaine exhorte pourtant ses membres à renforcer la dimension locale des politiques et stratégies migratoires. Le cas des déplacés climatiques devrait accélérer les choses à Madagascar qui a vu la création d’un Observatoire de la migration interne en décembre.
Tolotra Andrianalizah