Les pêcheurs de Morombe constatent l’effritement de leur activité à cause des pratiques de certains d’entre eux, en majorité de nouveaux arrivants qui utilisent des filets non conventionnels. Le phénomène s’est accentué ces dernières années.Â
Les poissons se font rares à Morombe. De plus en plus de pêcheurs avec des techniques de pêche destructrices sont pointés du doigt, dont une partie de migrants, selon les habitants. « Ils utilisent des filets qui capturent tout, même les juvéniles. Le pire, c’est que leurs filets raclent les fonds marins, détruisant tout sur leur passage », lance un habitant de Morombe, qui travaille pour une ONG environnementale. Notre interlocuteur avance une baisse de prise allant jusqu’à 70%.
Impuissance
L’utilisation de ces filets est pourtant interdite mais les autorités locales ont visiblement du mal à faire appliquer la loi, comme le souligne Jean Mosesy, de l’association Teariake, qui œuvre dans la protection de l’environnement marin. « Les forces de l’ordre ont effectué des descentes pour mettre fin à cette pratique mais il n’en est rien. Il y a aussi eu la COVID-19, qui a coupé l’élan », indique-t-il. Notre premier interlocuteur raconte que des affrontements ont même éclaté en 2018 entre les autorités et ces pêcheurs à la suite d’une opération. Quoi qu’il en soit, Jean Mosesy fait savoir que des réunions sont programmées avec l’organe mixte de conception pour poursuivre les efforts.
L’environnement à Madagascar prend l’eau de toute part. Si les forêts continuent de partir en fumée, la pêche destructrice constitue un autre problème tout aussi pernicieux mais dont on parle moins. Ces deux pratiques ont un point commun. Elles sont perpétrées par des malgaches dans un mépris total des lois. Elles montrent également l’impuissance des gouvernants devant des phénomènes systémiques qui ne datent pourtant pas d’hier. L’absence de politique nationale de migration interne est criarde à bien des égards. En marge de la COP26, il convient de souligner que si les Malgaches n’ont pas contribué au réchauffement climatique, ils sont bel et bien les acteurs de la destruction de leur île.
Tolotra Andrianalizah