La date du 29 mars est une journée pour se rappeler l’héroïsme des malgaches qui ont donné de leur vie pour l’indépendance du pays. Mais qu’en est-il 75 ans après ?
Effervescence au centre Arrupe à Faravohitra ce 29 mars. Pour marquer le Jour des martyrs, Transparency International - Initiative Madagascar (TI-IM) et Youth and Citizens for Integrity (YCI) ont organisé un évènement sur le thème : se souvenir du passé pour mieux aborder le futur. Voahangy Fidison, fille du pasteur Tata Max, en a été l’une des attractions. Le pasteur Tata Max fait partie des leaders du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) condamnés à mort lors du procès de juillet 1949. Assaillie par les journalistes, elle raconte que les aveux de son père, à la base de sa condamnation, ont été extorqués, confirmant que le MDRM n’avait rien à voir avec les évènements de 1947. « L’administration coloniale a tout fait pour détruire le MDRM. Ce sont pourtant des élus patriotes. Ils ont réclamé pacifiquement l’indépendance auprès du Parlement français. Il n’était pas question de soulèvement armé », précise-t-elle.
Prise de responsabilité
La peine capitale de Tata Max était finalement devenue exil. Voahangy Fidison indique que sa mère a dû élever seule ses cinq enfants pendant les 13 ans qu’a duré la déportation. Le pasteur était revenu avec l’indépendance en 1960. Elle se dit toutefois déçue de ce qui se passe actuellement. D’après elle, la joie et l’espoir immense qu’ont suscité le retour de son père et de l’indépendance sont à la hauteur de sa déception. « 75 ans après les évènements de 1947, la France continue de nous materner. Nous ne sommes pas encore indépendant et c’est flagrant », indique-t-elle.  Â
Un débat a été organisé durant l’évènement avec la participation de l’historien Hemerson Andrianetrazafy particulièrement en verve. Avec des mots durs, il a fustigé la posture attentiste des Malgaches depuis plusieurs années face à ce qu’il qualifie de décrépitude actuelle de la société. La prise de responsabilité politique surtout chez les jeunes a notamment été abordée durant les échanges.
Tolotra Andrianalizah